Jerry Lewis est connu principalement comme acteur comique célèbre dans les années 50 et 60 (en duo avec Dean Martin puis en solo) mais aussi humoriste, réalisateur et danseur.
Au cinéma, le comique de Jerry Lewis est cartoonesque et repose sur de la gestuelle, des grimaces, les déguisement pour camper une galerie de personnages (homme ou femme) : ça passe et c’est hilarant.

Ou bien ça casse, ça lasse (un comique fait rarement l’unanimité) tant la mécanique est répétitive et il devient difficile d’arracher une once de sourire.
Jerry Lewis est complet: acteur mais aussi réalisateur, scénariste, danseur et chanteur: à partir de 1956 quand il se détache de son duo avec Dean Martin il devient omniprésent dans ses films.
D’ailleurs ses films ressemblent souvent à des suite de numéros burlesques sans vraiment d’histoire très cohérente.
Parmi ses nombreux films entre 1950 et 1970, “Dr Jerry et Mister Love” est incontestablement son film le plus réussi et le plus populaire.
1/ Docteur Jerry & Mister Love (1963) de Jerry Lewis (5/5)
Dans ce film Jerry Lewis (auteur) revisite l’histoire du Dr Jekyll et Mister Hyde qu’il transpose sur un ton comique mais conserve des moments d’émotions. Le Dr Jekyll est ici le Dr Kelp un professeur de chimie fantasque manquant de confiance mais plein de bonne volonté (comme souvent chez les personnages joués par Jerry Lewis (acteur)).
Le Dr Kelp est volontaire, il croit en la science mais même avec sa bonne volonté et son enthousiasme, il est gaffeur (comme souvent) ce qui lui attire les foudres de son supérieur.


Il y a comme de coutume une histoire d’amour en filigrane (le Dr Kelp est seul) et c’est ici une étudiante dégourdie Stella qui s’attache au Dr Kelp et son double.
L’ “héroine” est comme souvent un personnage très basique, une faire valoir potiche et jolie (une caricature de Marylin Monroe ? traditionnellement à cette époque) mais ici incarnée admirablement par l’actrice (Stella Stevens) qui sort vraiment du lot.


Jerry Lewis est omniprésent devant mais aussi derrière la caméra. Parfois il coréalise avec le réalisateur Frank Tashlin (qui a travaillé dans le cartoon) dont il a appris le sens du rythme et du gag. A ce titre la première heure file sans temps mort, ponctuée de gags jusqu’à l’apparition du Docteur Love.
Affublé de ses déguisements et costumes habituels (hormis sa transformation de Mister Love on retrouve ses costumes habituels costumes trop courts et grandes chaussures), Jerry Lewis (humoriste) interprète (caricature ?) ses personnages (mention à Mister Love) mais avec des touches d’émotion (le docteur Kelp).


Ici l’histoire est très cohérente et n’est pas qu’une suite de sketchs de Jerry Lewis.

Mr Love (en mode libertin et sur de lui) et Stella (espiègle et pas si naive) se livrent à un ballet ou chacun (mal)mène l autre.






Bien sur, les acteurs/actrices sont bien trop vieux pour leur rôles, bien sur la cigarette, l’alcool les grosses voitures sont clairement mis en avant, bien sur le film abondent de cliché mais les gags en technicolor et le doublage français en font un excellent divertissement.

Si on doit aussi retenir un point c’est la version française comme toujours soignée à cette époque et le doublage (la voix de canard) de Jacques Dynam qui fait merveille.

2/ Le tombeur de ces dames (1961) de Jerry Lewis (5/5)
Le “tombeur de ces dames” est un autre film de Jerry Lewis de sa période d’or (1960-1965) où l’acteur enchaine les films et les gags et où il pose définitivement la “Lewis Touch”.

Ce film comme quasi systématiquement toute sa filmographie ne vaut pas pour son histoire mais ici se démarque pour son décor (décor de théâtre où les parois ont disparu) façon “Rear Window” (Hitchcock 54) sans le coté voyeur “ou playtime” (Jacques Tati 1967 mais commencé dès 1960) mais en plus lumineux.

Le gag récurrent chez Jerry Lewis repose
* 1/ sur le postulat qu’on ne sait jamais ce qu’il va détruire – par maladresse- tout en voulant bien faire – et réparer –
* 2/ qu’un dégât en entraine un autre par effet domino (un autre exemple dans le zinzin d’Hollywood 1961).

Si on est donc réfractaire à ce type de gag, il est difficile d’entrer et de sourire à ce film mais si on adhère la maison devient un grand château de cartes (sans commune mesure toutefois avec le décor détruit dans la “Party” (de Blake Edwards 1967).
Le film est assez foutraque tout comme le rôle de la maison. Est une pension de jeunes femmes ou bien une maison où des homme âgés viennent chercher des filles ou bien une école pour former des artistes danseuses musiciennes ou bien un dortoir dans un studio de tournage (avec un zoo d’intérieur). Herbert oublie son chagrin d’amour dans un travail – entouré exclusivement de femmes -. D’abord introverti, il devient rapidement un personnage extraverti et déjanté.

Favorisé par un technicolor joyeux et des costumes colorés très années 50 les “dames” ressemble souvent à des poupées et le décor est presque une maison de poupée.

Sans être une comédie musicale, le film comprend plusieurs numéros musicaux et de scènes chorégraphiés et une bande son très enjouée.

Un autre ressort comique récurrent chez Jerry Lewis est hérité des cartoons (grimaces, cascades exagérément accélérées, dédoublement, murs défoncés)



Incontestablement le film a un style unique avec une structure sans queue ni tête, des scènes assez ridicules (les hommes qui ont rendez vous) avec d’autres qui décollent (les scènes de music hall qui dérapent avec Herbert) .

3/ Jerry chez les cinoques (1964) de Jerry Lewis (5/5)
Jerry chez les cinoques pourrait aisément se confondre avec un autre film de cette époque (Jerry Lewis tournait 2 à 3 films par an entre 1960 et 1965).
Le film est comme souvent une suite de gags où le personnage campé par Jerry Lewis dont la fonction est utile, travailleur, gentil mais gaffeur et de fait détruit quasiment tout partout où il apparait tout en voulant réparer.

Comme dans plusieurs de ses films, une jeune femme va s’attacher à lui car elle remarque et comprend sa “différence”. Tandis que la plupart des autres personnes (homme ou femme) cherchent par tous les moyens à s’en débarrasser.

Jerry chez les cinoques vaut pour plusieurs scènes dont une des plus célèbres et des plus réussie : celle de l’ambulancier à la poursuite de son brancard.

Cette longue séquence qui est une énorme prouesse technique et assez hilarante. On peut être quasi sur qu’elle a été parodiée et reprise plus d’une fois (Y a t’il un flic pour sauver la reine de ZAZ)

4/ Les Tontons farceurs (1965) de Jerry Lewis (4/5)
Les “tontons farceurs” est quasiment un “best of” des personnages de Jerry Lewis qui joue pas moins de 7 rôles.
On passe d’un tonton à l’autre, d’un gag à un autre d’une scène à une autre avec très peu de cohérence.
Reconnaissons bien évidemment qu il n’y a pas d histoire ou plutôt une histoire bien mince celle d une petite fille orpheline riche qui recherche son père.

Les meilleurs scènes sont avec le duo Donna Butterworth/Jerry Lewis car on arrive à s’attacher aux personnages.


Les scènes avec les tontons qui ont des caractères peu développés sont plus des scènes de gags


On peut se demander si le clown triste n’est pas l’ébauche du personnage de son film maudit “The Day the Clown Cried” de 1972

Mention spéciale au tonton aviateur avec son avion bricolé, ses passagères cocasses qui produisent une suite de gags hilarants


Le tonton “sherlock” (Skylock Peyton) est un tonton “récurrent” dans le film, bien qu’on soit plutôt ici dans un film dans le film.


Parmi toute la galerie des personnages campés par Jerry Lewis, il y a peu de personnes fondamentalement mauvaises.
Même le tonton gangster est finalement assez attachant.
C’est au cours de cette période que Lewis s’est gravement blessé sur un tournage ce qui a mis un coup d’arrêt à sa production et des médicaments au effets secondaires affectant son moral.


Finalement bien que tardif dans sa filmographie à succès son age d’or les tontons farceurs est un bon exemple de ce qu’il a joué, reproduit, répété tout au long de sa carrière d’acteur.
