Shaun the sheep est une merveille d’animation et d’humour anglais. Sans dialogue, sans effet spéciaux numériques, les studio aardman réussissent le tour de force de raconter aux petits et grands drôles des histoires d’animaux drôles et simples. On n’est pas dans le registre des fables de la fontaine. Shaun, le chien Bitzer qui marche au sifflet ses copains moutons, les cochons sales et toute une panoplie d’animaux sont tordants le plus souvent et volent la vedette à des humains : le fermier, la grand mère, le livreur de pizza.
La série Shaun est réalisé en stop motion à partir d’élément modelé, de maquettes, c’est un travail d’artisan unique. Ce procédé lui confère un style unique mais ce qui est remarquable c’est aussi les bruitages hilarants et des scénarii excellents.
Shaun apporte de la bonne humeur, il est bourré d’humour (anglais) et se goûte à tout moment par petites touches de 7 mn.
Shaun parvient à égaler Wallace et Groomit qui était pourtant déjà excellent. La ou Wallace et Groomit a des dialogues et des histoires sans doute plus adultes, Shaun est plus visuel et simple. Shaun est plus dédié à la TV alors que Wallace et Groomit sont sortis au cinéma. Mais les deux séries sont motivées par le même esprit ludique et joyeux.
La série Shaun est un univers foisonnant d’épisodes pratiquement tous excellents. Seul le moyen métrage “les Lamas” est décevant ( la seule fois ou Shaun est un peu méchant).
Regarder des Shaun c’est ne plus pouvoir s’en passer.
le film est une réussite et particulièrement si on aime Tim Burton: scénario, ambiance, direction d’acteurs, visuels, humour : tout est très original et enivrant (et ça c’est pour moi) bourré de références (oiseaux , Shining, Sinbad, le survivant, et …… les autres films de Burton). Ceci dit comme dans beaucoup de Tim Burton, il n’y a pas grand chose coté épaisseur. C’est un film de divertissement (et c’est l’un de ses meilleurs) que je conseille vivement.
Encore une référence à Kubrick qui est décidemment encore très présent, Xavier Dolan est un réalisateur qui promet d’être un des plus grands.
“Lawrence anyway” son film de 2h50 de 2012 sur l’histoire d’un homme (Melvin Poupaud) qui entreprend d’assumer son genre : celui d’être une femme.
“Lawrence anyway” est un coup de poing. Images, mise en scène et interprétation, on est dans un film très au dessus de ce qu’on a l’habitude de voir.
Hormis le sujet qui n’est quand même pas facile ni classique, j’aurais presque envie de dire qu’on est en présence d’un réalisateur “à la hauteur de Stanley Kubrick” un film en tout point réussi tant sur le plan de la forme et du fond. Et ses autres films (pas vu ) semblent sur la même veine.
Le film se passe au Québec, le film est en québécois et français avec certains passages totalement incompréhensibles. Xavier Dolan qui est né en 1989 écrit le scénario, les dialogues, met en scène et fait le montage. Il a le contrôle du montage final, il écrit les sous titres anglais ou français. On pense donc à Kubrick pour le contrôle total, la beauté des images (sauf ses plans à la caméra à l’épaule), le choix de sujets forts, on pourrait penser à Orson Welles dont le talent a éclaté très jeune (25 ans), on peut penser aussi à Cassavetes sur la narration basée sur l’émotionnel et la présence des acteurs, peut être aussi à Almodovar sur les sujets et les personnages “marginaux”
Ses autres films (6 films de la même, semble t’il, qualité et il n’a pas 30 ans) semblent des films assez forts sur le plan émotionnel.
Rear Window (Fenêtre sur cour) est un autre film marquant de l’age d’or de Hitchcock (53-62) et un film majeur du cinéma. Que ceux qui le nient passent par la fenêtre (symboliquement). Même si le film date de 1954, qu’il est tourné en studio, que l’histoire est courte et la musique très moyenne, il y a tous les ingrédients du chef d’oeuvre : suspense à tous les étages (amoureux, policier, psychologique), film à énigme et divertissement, amour et humour et interprétation de premiere classe du premier au dernier rôle. Fenêtre sur cour se déguste de l’entrée au dessert.
Stella et Jeff
Fenêtre sur cour est filmé comme un huit clos ( filmé en technicolor ) et comme dixit Truffaut une métaphore du cinéma. Ingénieux, malin, Fenêtre sur cour est un classique à revoir. Rear Window est aussi un suspense amoureux : la blonde Hitchcockienne Lisa (Grace Kelly) aussi libre que Jeff (James Stewart) est (diminué) et bloqué.
Lisa et Jeff
Fenêtre sur cour est un film sur le voyeurisme : avec un brin de provocation Hitchcock affirme que le spectateur est un voyeur et Jeff (James Stewart) avec ses jumelles et son télé objectif est un prolongement du spectateur : il regarde à travers les fenêtres qui sont autant d’ (de nos) écrans. Mais à y regarder de près on ne voit pas que des choses belles à voir.
Jeff et le téléobjectif
Mais replongeons dans ce film et la première apparition de Jeff et Lisa.
Scène comique entre Stella et Jeff. Stella qui a un grand role dans l’histoire et symbolise le bons sens et le raisonnable. Jeff a des doutes sur Thorwald
Autre scène mythique entre Jeff et Lisa. Grace Kelly est lumineuse et sous la direction d’Hitchcock va poser les bases de la blonde Hitchcockienne : volontaire, tenace, maligne, gracieuse. Et pourtant nous ne sommes que dans les années 1950.
En 1983 lors de la ressortie en salle de 5 classiques de cette période d’or Hitchcock (Fenêtre sur cour, L’homme qui en savait trop, Vertigo, mais qui a tué Harry et la main au collet) , une émission de cinéma proposait une interview de Jimmy Stewart et cet extrait : l’apparition de Lisa. Avant de voir le film à la télévision quelques années après, cet extrait démontrait la maîtrise de Hitchcock en 5 minutes et un avant gout de ce film unique : tout l’art de Hitchcock.
Les diaboliques est un thriller glaçant admirablement mis en scène par Henri Georges Clouzot en 1955 sur un scénario de Boileau et Narcejac (Celle qui n’était plus – 1952).
Les diaboliques poster
Un film glaçant (malsain ?) avec un minimum d’effets spectaculaires. Une mise ne scène implacable pour un scénario diabolique . Un cadre étouffant, un homme tyrannique, un duo de femmes déterminées, un détective privé tenace un meurtre et un mystère. Tels sont les ingrédients de ce film excellent et unique.
Des couloirs de la noirceur et de l’effroi
Dans un pensionnat de garçons, le directeur (Michel Delassalle/Paul Meurisse) dirige l’établissement de main de fer et agit de la même manière tyrannique avec tout son entourage, sa femme institutrice (Christina/Vera Clouzot) et sa maitresse (Nicole Horner/Simone Signoret).
Les deux femmes, l’épouse et la maîtresse, sont proches l’une de l’autre (lesbiennes ?) unie contre la haine de Michel. L’une est fragile, l’autre est forte et elles vont s’unir pour éliminer Michel.
Christina/Nicole le duo diabolique
Derrière cette trame classique, le récit nous plonge littéralement dans l’angoisse, le suspense voire la terreur qui nous tiennent en haleine tout au long du film jusqu’aux ultimes minutes.
Henri Georges Clouzot réputé lui même pour son caractère dur (y compris pour sa femme Véra Clouzot), pour sa précision quasi maniaque a créé un ambiance pesant.
Henri Georges ClouzotTournage
Le réalisateur a exigé de tourner et retourner les scènes créant une ambiance de travail éprouvante un peu à la manière de Stanley Kubrick sur le tournage de “Shining”.
On imagine combien le sujet est inspirant, le résultat est sans conteste à la hauteur mais au prix de difficultés personnelles et physiques.
Pierre Larquet, Michel Serrault des personnages plus légers
Si le trio (antipathique) Michel/Nicole/Christina est omniprésent, les seconds rôles sont très bien écrits (mention au jeune Michel Serreau), Pierre Marquet, Noel Roquevert et surtout Charles Vanel dans le rôle du détective privé à la retraite Alfred Fichet (dont le lieutenant Columbo/Peter Falk trouve l’inspiration) qui apportent un peu d’humour et de respiration.
Le détective Albert Fichet (Charles Vanel)Alfred Fichet et tous les petits détails
Les Diaboliques est aussi un film noir (seuls les enfants sont lumineux) pour la noirceur de ses personnages et sa photographie sinistre.
L’utilisation minutieuse de décors authentiques est l’autre atout pour nous plonger dans l histoire. On ne verra plus une piscine, un couloir de la même manière.
Les piscines qu on ne verra plus pareil
On en vient à être effrayé par ces ombres, ces longs couloirs (à la manière de David Lynch dans “Twin Peaks” ou “Mulholland Drive” ou Shyamalan dans “le 6ème sens” ou le film “les autres”) et ces vitres nous glacent.
Des vitres et des ombres
Inutile de voir le très mauvais remake (pompé sur l original) “Les Diaboliques” (1996) avec Adjani et Sharon Stone (laissées à l’abandon). Il n’a pas pour seul but que d’énumérer toutes les erreurs rédhibitoires pour réaliser un excellent film (la couleur pour un film noir! des actrices iconiques mal dirigées, des jolis plans mais inutiles, des effets ratés) et souligne encore le talent de Henri George Clouzot et son équipe.
La piscineSharon Stone et Isabelle Adjani“Les Diabolique” (1996) : n’est pas Henri Georges Clouzot qui veut
Il n’y a qu’un seul Diabolique et c’est celui qu’il faut (re)voir sans lire la fin !
Véra Clouzot harcelée sur le tournage et dans le personnageUn film qui inspire l’effroi
“La Party” de Blake Edwards est un chef d’œuvre d’humour et de poésie, un film inclassable et unique, un film sans réel scénario qui s’écoule comme un long gag ininterrompu.
Peter Sellers acteur anglais est l’inimitable Hrundi V Bakshi. Sa voix son accent et ses gestes le rendent très crédible en acteur indien de second rôle. Il porte tout le film de sa présence comique il est le fil conducteur. Le décor somptueux va être dynamité : c’est la bonne humeur et la gentillesse qui vont triompher du monde artificiel du cinéma des grands studios.
Sellers Dum Dum
Sellers Jeu de Guitare
Sellers Le repas
Tous les acteurs les plus attachants sont pour la plupart “étrangers” : une française, des russes.
Edwards et Sellers qui partageaient le gout des films muets du début du cinéma rendent hommage aux comiques américains Max sennet, les Marx Brother, Harold Lloyd et aussi sans doute à Tati ( la voiture, la relation d’affection avec la française).
Witness for prosecution est le 3 ème film de Billy Wilder en 1957 qui est décidément toujours aussi talentueux et original. Il y a de l’humour des rebondissements des acteurs brillamment dirigés mais surtout des dialogues certes longs mais percutants et une narration haletante.C’est une pièce de théâtre et un film de procès mais diaboliquement réalisé : on ne peut que se laisser captivé par cette histoire pourtant ultra classique du mari la femme et la maîtresse. Agatha Christie a écrit la nouvelle originale mais Billy Wilder se l’est appropriés comme personne. Il faut voir Charles Laughton acharné malin exaspérant défendant un cas perdu d’avance et tous les personnages secondaires accablants.mais truculents. On ne peut révéler la fin comme toute l histoire. C’est un film presque un huit clos, un film de procès un film en noir et blanc bref peu emballant mais qui grâce à Billy Wilder devient un classique un chef d’œuvre un film qu’on n oublie pas.
3h10 pour Yuma de Delmer Daves (1957) est un classique de l’age d’or du western qui a très bien vieilli au point qu’il a été ré adapté en 2008. Huis clos, film noir autant que western, le film tourné en noir et blanc fait la part belle aux gros plans aux mouvement de caméra somptueux mais c’est dans le scénario (un bandit prisonnier qui doit être livré pour être jugé doit prendre le train de 3h10 ; ses complices cherchent à le délivrer et un paysan doit le surveiller) et l’interprétation (Glen Ford – le bandit – est magistral et Van Heflin – le paysan – très touchant). La musique inhabituelle est excellente et le jeu de poker psychologique entre les protagonistes est admirablement mis en scène.
3h10 pour Yuma est un chef d’œuvre du genre à voir ou revoir.
Un éléphant ça trompe énormément (1976) et nous irons tous au paradis (1977) sont deux classiques du cinéma français dans le genre “film de potes”.
Rochefort, Brasseur, Lanoux et Bedos jouent comme s’ils s’étaient toujours connus et cette complicité est une des qualités du film. Les dialogues de Jean Lou Dabadie et Yves Robert sont savoureux et la mise en scène alternent scènes drôles et scènes de mœurs dans un rythme soutenu. On aurait pu passer des heures à suivre leurs aventures tragi-comique. Le bal des casse pieds en 91 qui reprend les mêmes acteurs est un hommage plus qu’une troisième partie.
Les femmes Marthe Villalonga, Danielle Delorme (et Anny Duperer ) sont essentielles. La narration de Jean Rochefort avec sa voix chaude est hilarante.
Un homme est passé de John Sturges est un western atypique qui ressemble plus à un film noir dans un huis clôt. Spencer Tracy est omniprésent à la fois fragile physiquement et fort mentalement convaincu et déterminé. Robert Ryan , Lee Marvin campent de personnages troubles. Le western dessert d’autres thèmes que la traditionnelle vengeance ou la conquête de l’ouest. Distrayant mais posant de nombreuses reflexions, ce classique passé à la dernière séance vaut le coup d’être vu.