Collection et patrimoine
Audiard est un dialoguiste qui a beaucoup travaillé entre 1949 à sa mort en 1985 pour plusieurs générations d’acteurs ou de réalisateurs populaires (Gabin dans les années 50, le cinéma de Georges Lautner dans les années 60, Belmondo dans les années 75, 80). Tout un pan de la France populaire a été croqué avec la même qualité par ce petit bonhomme amoureux de cyclisme et d’argot. Près de 150 films.
Selection
Populaire
Audiard est populaire avec ce qu’il y a de péjoratif. J’ai découvert Audiard assez tard car son cinéma était un cinéma peu exigeant en terme d’histoire qui n’avait d’autres ambitions que de faire recette. Alors on pourra dire qu’Audiard ce sont des bon mots histoire de marquer le public de le divertir. C’est ça mais c’est aussi une marque d’écriture. Un dialogue d’Audiard se reconnait, percutant, drôle, rythmé et finalement peu démodé car hors norme.
Argot
Audiard n’a peut être pas inventé un argot, il dit s’inspirer du “titi” parisien de Jean Gabin, des soirées de repas arrosé avec des acteurs. Audiard n’a peut être pas tout inventé mais il a donné du rythme et de la drôlerie, pas de la poésie mais de la drôlerie.
Qualité
A peu d’exception près (le bateau d’émile, l entourloupe), les films dialogués par Audiard sont drôles et divertissants : qu importe l histoire, il faut s’amuser à voir une suite de sketchs.
Les années 50 Audiard – Gabin
A partir de 1955 et sa rencontre avec Gabin, Audiard va devenir incontournable et l’acteur relancer une seconde carrière. Si entre 49 et 55 il y a d’excellents dialogues à partir de 55 jusqu’à 65, les dialogues seront mythiques. Impossible de ne pas rire avec Mélodie en sous sol ou le cave se rebiffe et presque les films de Grangier : Gas-oil en tête. Mon préféré reste Rue des prairies. Avec Gaz-oil dès les premières minutes, le petit matin frisquet, le camion qui chauffe, Gabin et son collègue qui se retrouvent on est dans l’ambiance réaliste des camionneurs mais bourré d’humour. Plus tard c’est dans les moments anodins une pause au café, un déjeuner dimanche après midi qu’Audiard excèle. La trame policière et la quête du magot devient secondaire et moins réussi. Plusieurs polars (l’affaire Saint Fiacre, Maigret tend un piège) le désordre et la nuit valent pour leur scènes intimistes.
Mythiques
Le mot est un peu fort peut être. Dans le milieu des années 90, j’ai commencé à regarder des films sérieux, intenses, exigeants mais aussi souvent dramatiques, beaux mais un peu tristes. Fini les films de cowboy, les films d’aventures. David Lynch, Kieslowski avaient remplacé Hitchcock, les westerns de John Wayne. Mais en même temps ces films pesaient par leur intensité et étaient modernes, presque trop parfois. Alors les films d’Audiard ce fut le retour à plus de légèreté, la France d’antan et le cinéma français populaire. En ça les films d’Audiard sont mythiques : tout une époque tout un style.
Audiard Lautner
Lautner avant gardiste populaire dans son genre. Si les tontons flingueurs est un énorme classique que j’ai vu adolescent, j’ai vu les autres films de Lautner bien plus tard. Les barbouzes est l’un de mes préférés : les dialogues sont excellents mais l’histoire et la mise en scène très visuelle donne la priorité aux gags, aux rebondissements. Malgré une excellente dernière demi heure avec Mireille Darc, Ne nous fachons pas qui termine la trilogie Lautner Audiard Ventura est en dessous des deux précédents.