Les diaboliques est un thriller glaçant admirablement mis en scène par Henri Georges Clouzot en 1955 sur un scénario de Boileau et Narcejac (Celle qui n’était plus – 1952).
Un film glaçant (malsain ?) avec un minimum d’effets spectaculaires.
Une mise ne scène implacable pour un scénario diabolique .
Un cadre étouffant, un homme tyrannique, un duo de femmes déterminées, un détective privé tenace un meurtre et un mystère.
Tels sont les ingrédients de ce film excellent et unique.


Dans un pensionnat de garçons, le directeur (Michel Delassalle/Paul Meurisse) dirige l’établissement de main de fer et agit de la même manière tyrannique avec tout son entourage, sa femme institutrice (Christina/Vera Clouzot) et sa maitresse (Nicole Horner/Simone Signoret).


Les deux femmes, l’épouse et la maîtresse, sont proches l’une de l’autre (lesbiennes ?) unie contre la haine de Michel. L’une est fragile, l’autre est forte et elles vont s’unir pour éliminer Michel.


Derrière cette trame classique, le récit nous plonge littéralement dans l’angoisse, le suspense voire la terreur qui nous tiennent en haleine tout au long du film jusqu’aux ultimes minutes.


Henri Georges Clouzot réputé lui même pour son caractère dur (y compris pour sa femme Véra Clouzot), pour sa précision quasi maniaque a créé un ambiance pesant.


Le réalisateur a exigé de tourner et retourner les scènes créant une ambiance de travail éprouvante un peu à la manière de Stanley Kubrick sur le tournage de “Shining”.
On imagine combien le sujet est inspirant, le résultat est sans conteste à la hauteur mais au prix de difficultés personnelles et physiques.


Si le trio (antipathique) Michel/Nicole/Christina est omniprésent, les seconds rôles sont très bien écrits (mention au jeune Michel Serreau), Pierre Marquet, Noel Roquevert et surtout Charles Vanel dans le rôle du détective privé à la retraite Alfred Fichet (dont le lieutenant Columbo/Peter Falk trouve l’inspiration) qui apportent un peu d’humour et de respiration.


Les Diaboliques est aussi un film noir (seuls les enfants sont lumineux) pour la noirceur de ses personnages et sa photographie sinistre.
L’utilisation minutieuse de décors authentiques est l’autre atout pour nous plonger dans l histoire. On ne verra plus une piscine, un couloir de la même manière.



On en vient à être effrayé par ces ombres, ces longs couloirs (à la manière de David Lynch dans “Twin Peaks” ou “Mulholland Drive” ou Shyamalan dans “le 6ème sens” ou le film “les autres”) et ces vitres nous glacent.


Inutile de voir le très mauvais remake (pompé sur l original) “Les Diaboliques” (1996) avec Adjani et Sharon Stone (laissées à l’abandon). Il n’a pas pour seul but que d’énumérer toutes les erreurs rédhibitoires pour réaliser un excellent film (la couleur pour un film noir! des actrices iconiques mal dirigées, des jolis plans mais inutiles, des effets ratés) et souligne encore le talent de Henri George Clouzot et son équipe.


Il n’y a qu’un seul Diabolique et c’est celui qu’il faut (re)voir sans lire la fin !

