2019 – 11 – La double vie de Véronique de Krzysztof Kieslowski (1991)

La double Vie de Véronique de Kieslowski : références et extraits.

Autant le dire tout de suite (en toute subjectivité) “La double de Vie de Véronique” de Krzysztof Kieslowski est un chef d’œuvre.
A mes yeux (de cinéphile), on ne touche pas à un cheveu de ce film (sauf pour une restauration de la pellicule) ni à Kieslowski (qui a mis toute ses forces créatives) ni à Veronique/Veronika/Irène Jacob (dans quasiment son premier “premier rôle” ) ni à Preisner (auteur d’une partition lumineuse) ni à Krzysztof Piesiewicz (co auteur de cette histoire à tiroirs et de la quasi totalité des scenarii de Kieslowski).

N’en jetez plus: on pourrait en citer encore des qualités.
Le film est porté par la grâce: le revoir, c’est apprécier de nouvelles facettes, d’autres détails.
On ne s’en lasse pas: on se prélasse.

Veronika (son reflet ou Véronique ?): La double vie de Véronique/Veronika

J’entends dire que l’histoire (il n’y en a pas !) est compliquée, que le scénario emboite deux films indépendants, qu’à part Irène Jacob, trop d’acteurs sont statiques.
C’est indéniable: le film n’est pas du tout venant.
L’histoire déroule plus qu’elle ne coule .
Certains acteurs parfois jouent leur rôle comme dans la vie (Kieslowski qui a fait beaucoup de documentaires avec des acteurs amateurs aime aussi l’authenticité et la crédibilité).
Il faut se laisser porter, regarder, écouter, s’émerveiller et se laisser emporter.

Le film est lumineux, sensible, poétique, envoûtant porté par la grâce d’Irène Jacob (prix interprétation à Cannes en 1991) et la musique de Preisner. C’est du moins ce qu’on peut ressentir à la première avec des yeux de 22 ans en 1991 (et certainement ce qui a déclenché l’enthousiasme du jury de Cannes).


“La Double Vie de Véronique” (originellement “La choriste”): une histoire (d’amour ?) sous forme de conte, mise en scène à base de trouvailles visuelles (la caméra qui flotte comme une notre de musique ou se contorsionne), de renvois (de Véronique à Veronika) et d’auto références (la vieille femme, le sachet de thé, les plans) à l’univers cinématographique et visuel de Kieslowski.

Oui Kieslowski a un style identifiable et dès lors tout semble partir et revenir à ce film (il ne tournera que 3 films par la suite et 3 films inachevés).
Kieslowski avait aussi prévu de tourner des variations du film avec des fins différentes: on comprend que le sujet est complexe et inspirant.

Certes, c’est un film unique, probablement déroutant au sens où on est entraîné (dérouté) sur de nombreuses pistes (deux histoires apparemment distinctes) avec par exemple l’apparition du magicien et des poupées (film miroir et film à tiroirs).
Choriste, professeure de musique: les miroirs et les facettes d’un même personnage.
Poupée, ballerine: un personnage de conte incarné et décliné ?
Véronique/Veronica à la recherche de l’amour et d’elle même ?

Le film est donc aussi une énigme qui rentre dans la catégorie des (chefs d’) œuvres qu’on aime sans (s)avoir toutes les réponses à de nombreuses questions.
L’une d’elle est notamment celle (fondamentale ou inutile ?), posée par le titre (“La Double vie”): Véronique/Veronika sont elles jumelles, une seule et même personne ou deux inconnues reliées par un fil invisible.
Comme on dit aujourd’hui, nous allons (par la suite) spolier.


Si on regarde (attentivement) le film (et particulièrement la fin des deux segments – Segment 1: Veronica et Segment 2 : Véronique), en premier lieu, la réponse semble évidente mais semble contredire le titre.

Segment Veronika: elle remarque Véronique

Segment Veronika: Véronique ne la remarque pas (vraiment).

Segment Véronique : elle voit la photo qu’elle a prise de Veronica par hasard

Véronique et Veronika ont des points communs évidents à commencer par la ressemblance, par le gout de la musique ou dans le détail chacune par des problèmes cardiaques (plus marqués chez Veronika).

Pourtant pas besoin d’aller cher bien loin pour voir des éléments qui peuvent relativiser voir contredire ce qu’on pense acquis. Les réalisateurs sont aussi (et d’abord) des manipulateurs des magiciens et des conteurs.


Autant dire qu’on est est bien dans la catégorie de l’œuvre universelle, culte, celle qui se contemple et s’écoute, qu’on ne comprend vraiment mais qui nous émerveille encore (et nous quitte avec des interrogations et ce gout de revenez y).

Il est temps de se remettre à la lecture et au visionnage du film pour en découvrir de nouvelles saveurs.

Veronika/Irène Jacob (partie polonaise)

La double vie de Véronique est un film en deux parties la première partie en Pologne avec Véronika à la deuxième partie Clermont-Ferrand avec Véronique .

Véronique Irene Jacob / Philippe Volter (Partie Française)

Mais re plongeons nous dans cette œuvre.

Dès le générique, toute l’atmosphère de conte, la lumière (proche du rêve) et la grâce opère et on commence à suivre Veronika.

La scène clé avec la rencontre Véronique/ Veronika et ses mouvements de caméra.


La scène du concert filmée comme si on était au paradis


La scène des poupées et la musique si magnifique de Preisner.

La rencontre à la fois si simple et si poétique. L’art du cinéaste de décrire une situation banale et un lieu commun avec magie.

Véronique en France