Ne faisons pas les mêmes circonvolutions que pour le fameux générique: Vertigo (Sueurs Froides) est un chef-d’œuvre.
Dans l’histoire du 7ème art, il est devenu un classique indépassable et un film culte avec ses (quelques éventuels) défauts attribués au temps.
D’un point de vue personnel, (certitude qui ne se remet pas en cause(rie)), il est dans le trio de tête.

Vertigo précède deux autres classiques d’Hitchcock: “North by Northwest (La mort aux trousses)” (1959) et “Psycho (Psychose)” (1960) et se situe au milieu de son “âge d’or” (1954-1964).
Si l’on attribue au cinéaste anglais (parti au Etats Unis en 1940) la paternité et les qualités de l’œuvre, c’est parce on retrouve sa “patte”: “traditionnelle” (courte) apparition, maîtrise de l’art de la narration (une histoire policière avec un innocent présumé coupable et un blonde “Hitchcockienne”), cadrage précis (rien de ce qui est montré n’est superflu), mouvements sophistiqués de caméra (notamment les plongés/contre plongés accentuant des effets de vertige) et plans élaborés (dès le storyboard) et un visuel somptueux (technicolor ici atténué par des filtres froids).


Mais le film ne serait pas aussi unique et brillant sans une histoire diabolique (D’entre les morts de Boileau et Narcejac), un acteur Hitchcockien habitué (James Stewart aussi malléable que déterminé), une actrice débutante (Kim Novak mystérieuse et insaisissable qui magnétise l’écran), deux animations audacieuses et sublimes de Saul Bass (le générique et scène du cauchemar).

Mais ce qui élève le film au dessus des autres c’est surtout l’excellente partition musicale de Bernard Herrmann (au sommet de sa collaboration artistique avec le cinéaste).
Hitchcock dans un rôle quasi paternel et autoritaire aimait s’imposer sauf auprès d’Herrmann (doté d’un caractère volcanique) se laissait rarement commander .
Vertigo est autant une tragédie qu’une symphonie (plus de 60 mn de musique sur 2h de film) et il n’est pas exagéré de dire que “Bernie” Herrmann a mis en musique les images et achevé le film dans une version la plus aboutie.



Si “Vertigo” est l’un des premiers films marquants que j’ai découvert je ne peux pas ne pas constater qu’il reste toujours un film majeur.


La scène du pont qui va marquer à jamais bon nombre de cinéphiles: dans un décor emblématique, Hitchcock filme une séquence où se mêlent amour et mort, suspense et surprise. C’est aussi un point de bascule de l’histoire. Cette scène de quelques minutes sans dialogue magnifiée par la musique de Herrmann est en quelque sorte une leçon de cinéma (au même titre que la scène de Maïs de “North by Northwest” ou la scène du tireur au concert dans “The Man who new too much”).

Vertigo est l’exemple parfait d’alchimie entre histoire (policière), mise en scène (suspense), images (rêve et cauchemar) et musique (omniprésente), la définition du 7eme art qui transcende le concept de l’histoire mise en images.


La préparation du film à partir d’un storyboard a permis de définir une identité visuelle mêlant des plans rapprochés et des plans larges toujours au service de la narration.


Le roman de Boileau et Narcejac (auteurs qu’Hitchcock voulait adapter avec les Diaboliques) a une trame policière mais ajoute une touche de mystère.


Un film de Hitchcock ne serait pas sans une morale typiquement catholique. Hitchcock confesse sa peur d’être arrêté par police (qui daterait de l’age de 5 ans) et de transgresser la “bonne” morale. A l’écran c’est pourtant la situation dans laquelle se retrouve que ses personnages avant de les en sortir.

Kim Novak (Madeleine) qui n’était pas le premier choix de Hitchcock (c’était Janet Leigh) s’avère pourtant idéale, insaisissable et magnétique dans le rôle quasi muet (comme la plupart des rôles du film) . La blonde Hitchcockienne qui est froide en apparence et intense en privé est un fantasme qu’incarneront aussi Grace Kelly et Tippy Hedren mais dont Kim Novak (doté d’un fort caractère) donne sa version.




Vertigo, dans l’histoire du cinéma va inspirer nombreux réalisateurs (on peut citer Brian de Palma (Obsession) ou Paul Verhoeven (Basic Instinct)) comme exemple de narration (le suspense), pour la blonde Hitchcockienne (froide en apparence mais dangereuse à l’intérieur) et surtout pour la manière de parler d’amour et de mort (comme deux facettes de la même chose).

Hitchcock passe de la passion coupable à la morale puritaine. Ce ballet incessant et la culpabilité qui en découle taraude Hitchcock et ici on se prend à imagine d’autres versions et d’autres issues (notamment une autre version de la fin plus cohérente mais sans doute moins “morale” et aux yeux de Hitchcock plus conforme au public).


Le plan de l’escalier en spirale qui va inspirer bon nombre de réalisateurs et le montage ingénieux de la caméra pour créer un effet d aspiration et de vertige.



Vertigo, dans l’histoire du cinéma va inspirer nombreux réalisateurs (on peut citer l’un des plus célèbres Brian de Palma ) comme exemple de narration, pour sa représentation du suspense, pour la blonde Hitchcockienne (froide mais dangereuse), pour le mélange amour et mort.

Outre des réalisateurs qui citent, imitent, parodient ou rendent hommage, des auteurs se sont penchés sur l’histoire tirée de “D’entre les morts” des auteurs Boileau et Narcejac.

Vertigo est aussi un film noir en plusieurs parties un rêve et un cauchemar. Même si on connaît bien l’histoire, on se laisse toujours porter par la mise en scène, la musique et des scènes mythiques.
Inutile ici de se faire suer à essayer de trouver des défauts à ce film (Sueurs Froide en français) et (re) plongeons nous dans les scènes marquantes sublimés par la musique (elle aussi célèbre) de Bernard Herrmann.

Le générique de Saul bass est à lui seul un film dans le film (et l’un des meilleurs génériques de film) .
La première scène de filature.
Scène de “rencontre” au restaurant et filature. Peu de dialogue, une musique omniprésente, la blonde Hitchcockienne et une photographie somptueuse. La narration typique.
Filature au musée. Toujours la musique de Bernard Herrmann, les plans exemplaire de Hitchcock et la narration qui nourrit suspense, mystère et fascination.
Scène culte en 3 parties du pont de San Francisco ( à ne pas regarder si pas vu le film).
Suite : exemple d’un suspense typiquement Hitchcockien
Suite : la magie du cinéma opère toujours même avec la différence d’age en Kim Novak et James Stewart
Scène de la forêt : mystère avec Bernard Herrmann toujours autant inspiré.
Scène de l’église : un point crucial du film et aussi la fin d’un rêve de spectateur
Le cauchemar de Scotty : scène culte co-réalisée avec Saul Bass
Renaissance de Madeleine ? Rêve ou réalité ?
Encore une scène culte ( à ne pas voir si pas vu le film). Scène mythique qui a marqué spectateurs et cinéastes.