“Sexe mensonges et vidéo” est le premier film de Steven Soderbergh : coup de maître ou coup de chance ? Oeuvre d’un grand réalisateur surdoué ou oeuvre indépendante et rafraîchissante ?
Un peu des deux mais 20 ans après le film reste un film intense et unique.

Certains qualifiaient Soderbergh de réalisateur surdoué, d’autres de tête de file du cinéma indépendant. Reste qu’à ses débuts, Soderbergh avait soif de filmer, d’exprimer son regard, son indépendance, à travers les images, une photographie (par la suite sous divers pseudonymes, il sera directeur de la photo ou monteur de ses films) mais aussi de mieux se connaître à travers les histoires (avec des élément autobiographiques) qu’il écrit. A l’image de ce premier film c’est surtout quand il raconte et filme simple qu’il est le plus touchant. C’est quand sa technique est la moins visible qu’il impressionne.
L’histoire de sexe mensonge et vidéo est basée sur des anecdotes mais est aussi autobiographique. Authenticité et originalité est d’abord ce qui frappe autant que ces récits en parallèle puis croisés de personnages opposés. C’est aussi par la grace de l’interprétation (James Spader et Andie Mac Dowell en tête) que prend forme ce récit (assez banal) d’une rencontre qui naît et d’une autre qui se termine.

L’originalité du récit c’est la rencontre de deux êtres qui n’auraient jamais dû se rencontrer et un récit en flash back (marque de fabrique de Soderbergh).
Première scène culte entre Ann et Graham : sous l’apparente banalité de la situation la scène devient culte grâce aux plans, dialogues et l’interprétation.
A “l’image” des dialogues, l’histoire est aussi surprenant et originale (elle paraîtra moins originale de nos jours avec l’hyper connectivité) ainsi que le titre. Dans les extraits suivants, les personnages se révèlent et l’histoire se tisse et principalement par non-dits, regards et gestes que par des mots (bien que le comble est que Ann consulte un psychanalyste).
Les mots sont difficiles douloureux secrets (principalement pour Graham), par le récit les mensonges du présent (John, Cynthia) s’opposent aux douleurs du passé (Graham).
Une autre qualité du film est qu’il émerge quelque chose de lumineux de positif de ces rencontres (parfois douloureuses) : écrire et mettre en scène est un acte libérateur.
Et les images vidéos (symbole de voyeurisme) apparaissent comme le catalyseur du film et mettent à jour indirectement les véritables désirs. Le cinéma est aussi un exutoire. Elle met enfin les personnages devant la réalité devant leurs responsabilités.
Les scène suivantes sont cultes à mes yeux et pourtant assez banales en apparence.
Bien sur le film est aussi un film esthétique : les images sont splendides notamment les gros plans des visages, la musique est délicate (Cliff Martinez), l’interprétation est au plus juste et intense et les personnages deviennent plus authentiques.
Bien plus qu’un exercice de style un des film les simples et ambitieux de Steven Soderbergh.
Pour terminer un court article de Telerama.
