2007 – 07 – 07 – Taxi Driver – Part 1

Quand on hèle un taxi, on n’est pas obligé de tomber sur un conducteur, tendance De Niro, timbré,
le crane rasé qui vous répond avec un flingue sur la tempe par un “You talked to Me !” rageur.

Plutôt que de se faire abattre, on peut se rabattre sur un conducteur civilisé.

Le genre accompagné sur le siège avant par le cleps qui lèche son os.
Tandis qu’au volant, son pépère refait le monde.
C’est qu’il en a vu monter du monde, le molosse.
Il en a vu monter des personnalités.
Grimper même.
Et pas qu’une.
De la haute, du collet monté.

Quand on ne sait pas, on s’abstient.
On laisse à ceux qui savent.
Place aux vrais chauffeurs.
Ah bas, la viande à pneu, l’amateur, le chauffeur du Dimanche.
Vive les rois de la route.
L’égal des gros cubes et des routiers.

Le chauffeur de taxi italien dédié à Alcatel Vimmercate est du genre petit.
Mais nerveux.
Dans sa luxueuse et imposante Mercedes, il a de l’allure et du style.
Quand il apparait, il salue avec classe, il s’efface, il place.
Puis disparait dans son siège ajustable, son cockpit.
Comme un nourrisson disparait dans son couffin.

L’homme est petit et vif.
Pas besoin de le pousser.
Sur la route, c’est lui qui pousse.
Son siège est souvent échauffé.
Comme lui.

Faut que ça dépote.
Les espèces dérivées du flémard, hésitant ou touriste n’ont pas beau rôle.
C’est que lui, il travaille.
Il va de l’avant.

Sa voiture est un second home.
Bois, cuir, parfum d’ambiance, volant moumoute.
Tout est de bon gout.
Au volant, il est décisif et efficace.
Téléphone de voiture d’une main, il prend ses rdv.
Portable de l’autre, il rassure son épouse.
Qu’elle ne s’inquiète pas, il a la situation en main.
Sans forcer, il tient son volant avec les genoux et un petit 160.

La nuit, il n’hésite pas à tailler un 200.
Faut le savoir.
Les habitués savent qu’avant une course avec lui, il faut éviter de manger trop lourd.
Pour ceux qui ne le connaissent pas, il n’y a plus qu’à s’accrocher à une poignée de porte.
Elle est solide.
Et utiliser le vide poche.

Ma première arrivée à Rieti a été marquée par une anecdote que j’ai du raconter 20 fois.
Rieti est à 1H30 de Rome.
Petite ville située près des montagnes.
On prend le temps de vivre et d’y accéder.
Le trajet pour s’y rendre ne s’invente pas.

Rieti, c’est une grande première pour moi et vu que je n’y vais pas pour faire le touriste,
je demande à ce qu’un taxi m’attende à l’arrivée de l’avion à Rome.
J’imagine le taxi genre officiel, recommandable avec la petite pancarte.
Le genre de celui de Vimmercate.
La course sera de 120 euros. Pas de surprise.
Après un vol sans histoire, je me dirige vers la sortie (uscita).
J’attends mon oiseau.
Je l’imagine comme son condisciple de Vimmercate.
Je ne suis pas le seul à poireauter.
Dans le vol, il y a pas mal “d’hommes d’affaire”.
A coté de moi des conducteurs accueillent les “hommes d’affaires”.
Un homme m’accoste. Physique moyen, 40/45 ans, casquette, velour gris, habitué.
Visiblement, il me “cherche”.
“Taxi” ?
Avec mon plus bel anglais et ma “naïveté”, je lui déballe
“Are you the taxi booked by Alcatel to go to Rieti ?”
Tout est dit.
Le petit gars avec sa moustache et sa casquette opine du chef.
Prend une partie de mes bagages
Et m’accompagne à l’extérieur.
Moi un peu surpris qu’il n’ait pas de pancarte avec lui.
Mais moins que sa voiture.
Une vieille alpha roméo.
Dans la file des taxis sous un lampadaire éteint.
entre deux taxi Mercedes.
Du genre de celle du chauffeur de Vimmercate.
Je me dis que c’est normal.
On réserve la Mercedes pour les plus importants que moi.
Un vague autocollant “taxi” est collé sous le pare brise.
Je m’attendais à mieux.
Je lui demande sa carte de taxi.
Il me montre une carte usée, mâchée mais une carte professionnelle.
La voiture sort du parking.
J’embraye la conversation sur la réservation.
Le minus a une casquette, une fine moustache et soutient la réservation.
La voiture ne m’inspire guère.
Pourrie.
Pas très propre.
Parfum d’ambiance douteux.
Ca ne sent pas bon.
Je vais aux infos.
Les conditions de réservation du taxi par Alcatel.
Le gars est évasif.
Je commence à flairer une embrouille.
Mes soupçons se confirment lorsque le malveillant s’arrête pour prendre de l’essence.
… et veut me faire payer le carburant.
Bravo, me voila embarqué avec un blaireau qui voit en moi un pigeon.
Ou une vache à lait.
Je refuse de go.
Je me fends d’un : “You are not the taxi booked by Alcatel !”.
Le renard à moustache (pas convainquant) “yes yes”.
Moi : “How many for the trip ?”.
Le gars “300 E”.
Moi (pardonnez la rudesse du style et les fautes) :
“It’s not the cost for this”.
Le gars “no capito”.
Lors du terminus, je termine par la phrase définitive
“Return to the Airport, please !” (avec le “please” qui m’arrache la tronche).

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