
Au cinéma, la 3D est un moyen d’immersion dans l’histoire qui très visuel.
Mais il ne masque pas une histoire poussive ou un jeu d’acteurs paresseux.
Quand on parle 3D, on se souvient de Avatar ou par le passé de “la créature du marais” ou “le meurtre était presque parfait” ou encore plus loin dans le passé des expériences des frères Lumière.
Passé l’effet de surprise, (dés)agréable, du relief, la 3D est souvent anecdotique dans l’intérêt du film.
Parfois c’est un plus.
Gravity est l’un des exemples récent où l’histoire peut être encore plus immersive avec la 3D.
Extrait vidéo : Gravity overture
Le scénario du film est mince, l’interprétation moyenne (Clooney brille surtout par sa voix et Sandra Bullock est peu expressive),
les 3/4 (90% ?) du film sont en image de synthèse mais l’ambiance est très efficace.
Si je devais mettre Gravity dans une catégorie, je la mettrais dans les films d’angoisse primitive.
L’angoisse dépend de chacun.
Certains vont rigoler à “Shining” ou fermer à clé la porte d’entrée et mettre un cadenas sur les volets.
Certains vont siffloter sur Psychose (musique de Bernard Herrmann) et d’autres frémiront toutes les minutes jusqu’à la scène de la douche.
Ils auront des frissons à la vision de “Les autres” ou “le village”.
Plus que l’histoire, c’est l’ambiance de Gravity qui met le spectateur dans une situation instable (car les fauteuils eux sont stables)
irrespirable (il faut faire les mêmes exercices respiratoires que l’héroïne).
Il y a une menace qui rode et tout peut basculer dans la terreur.
“Gravity” comme “les autres” ou “le village” est de cette trempe du film de trouille.
Le point communs de ces films, c’est l’aspect assez minimalisme des sons, les décors, du jeu des acteurs, c’est l’assemblage de plans anodins puis inhabituels, les silences pesants,
la fragilité des héros (souvent des héroines) qui créent cette atmosphère ou héros / spectateurs ont les chocottes.
Le spectateur est sans ressources (manger le siège ? agripper à son( sa) voisin(e) ?) , sans autre possibilité que de fermer les yeux, quitter la salle ou frémir jusqu’au bout
(ou ricaner en faisant le fier : même pas peur ! mais en se jetant sur du chocolat).
Avec la 3D le spectateur est en plus balloté.
Il perd ses repères visuels.
Est ce que “Gravity” perd de son efficacité à la seconde vision ou à plat ?
Je ne sais pas.
Peut être gardera t’il son pouvoir.
C’est en tout cas une grande réussite malgré un scénario mince
et des références à la réalité qui volent en éclat au bout de 30 minutes de film.
Pour aller plus loin (Télérama)
Synopsis
Le docteur Ryan Stone, brillante experte en ingénierie médicale, est novice en matière d’expédition spatiale. Lors de son premier voyage, elle accompagne l’astronaute chevronné Matt Kowalsky. Mais alors qu’ils effectuent une banale sortie dans l’espace, des débris en orbite s’abattent sur leur navette. Ils se retrouvent seuls dans l’espace, à 600 kilomètres de la Terre. Alors que leurs chances de survie sont minimes, ils doivent faire preuve de beaucoup de sang-froid et d’entraide pour tenter de rejoindre le sol. Perdus dans cet univers infini, ils essaient de gérer des réserves d’oxygène qui diminuent peu à peu. Bientôt, une seconde vague de débris met leur vie en danger…
Critique du 06/09/2017
Par Louis Guichard
| Genre : George et Sandra en navette.
Loin de la formule canonique de Pascal, « Le silence éternel de ces espaces infinis m’effraie », Gravity donne plutôt la sensation de se prélasser dans un fauteuil flottant et molletonné avec vue sur la Terre. L’époustouflante scène d’ouverture où les deux spationautes discutent tranquillement avec leur contact au sol est un long plan-séquence, fluide, sans entraves. Qu’une pluie de débris brise cette harmonie contemplative et c’est déjà le clou du spectacle : une danse mortelle, un face-à-face en plein vide, aussi voluptueux visuellement que terrifiant pour les personnages.
Prouesse technologique et réussite plastique, donc. Mais au service de quelle vision ? Alfonso Cuarón (Les Fils de l’homme), auteur ambitieux, entend jouer dans la cour des grands. Or il n’atteint ni l’hermétisme sublime de 2001 : L’odyssée de l’espace, de Kubrick, ni la lancinante métaphysique de Solaris, de Tarkovski. Après les promesses de son début anthologique, Gravity accuse ses limites de simple film de survie, si spectaculaire en soit le cadre. Mais il reste, pour l’instant, le plus performant simulateur de vols, d’acrobaties et d’accidents spatiaux de l’histoire du cinéma.
Critique lors de la sortie en salle le 26/10/2013
Par Louis Guichard
Plein les yeux tout de suite, et de quoi faire mentir la formule canonique de Pascal : « Le silence éternel de ces espaces infinis m’effraie. » Gravity, c’est plutôt la sensation, inédite au cinéma, de se prélasser dans un fauteuil flottant et molletonné avec vue sur la Terre. L’époustouflante scène d’ouverture met en scène deux spationautes (George Clooney, Sandra Bullock) qui prennent le frais autour de leur station et discutent tranquillement avec leur contact au sol, à Houston. La beauté du long plan-séquence, fluide malgré de vertigineuses acrobaties, est décuplée par une image 3D qui justifie enfin le port des ignobles lunettes.
Toute la première moitié tient les promesses de ce début anthologique, notamment quand le danger s’immisce dans la mission de routine. Une pluie de débris surgis de nulle part brise l’harmonie contemplative des héros, bientôt contraints d’abandonner leur station en miettes. Et déjà, c’est le clou du spectacle : une danse mortelle à deux, chacun tenant l’extrémité d’un long cordon, et l’oxygène diminuant à grande vitesse dans les casques. Ce face-à-face en plein vide, aussi voluptueux visuellement que terrifiant pour les personnages, explique l’énorme buzz qui entoure le film. Et l’état de pâmoison d’une partie de la critique, américaine en particulier.
Prouesse technologique et réussite plastique, donc. Mais au service de quelle vision ? Alfonso Cuarón (Les Fils de l’homme), auteur ambitieux, entend jouer dans la cour des plus grands films sur l’espace. Or il n’atteint ni la perfection géométrique, l’hermétisme sublime de 2001 : l’Odyssée de l’espace, de Stanley Kubrick, ni le spiritualisme, la lancinante métaphysique de Solaris, d’Andrei Tarkovski. Rapporté à ces deux références, le scénario de Gravity est minuscule. Il ne choisit jamais entre la technique et le mysticisme : il mélange prudemment un peu des deux.
Par exemple, l’espace est envisagé, de loin en loin, comme le lieu de retrouvailles possibles avec les morts — la spationaute a perdu récemment sa fille. C’était la grande idée de Solaris, mais, dans Gravity, ce n’est qu’une vague croyance, de la sensiblerie obscurantiste, une piste qu’Alfonso Cuarón n’explore finalement pas. Et la réflexion sur le sens de la vie et la pulsion de mort se limite à un gros coup de fatigue de l’héroïne, épuisée de voler d’une station défectueuse à une autre. Puisqu’on en reste à ce réalisme psychologique, comment la Nasa a-t-elle pu envoyer en mission une femme endeuillée, aussi ouvertement dépressive ?
Dans sa deuxième moitié, le space opera accuse ses limites de simple « survival », comme on dit à Hollywood : un film de survie, si spectaculaire en soit le cadre. Et Sandra Bullock, en première ligne, a beau avoir fait ses débuts dans ce genre de cinéma, il y a vingt ans, prisonnière d’un bus fou (Speed), elle manque toujours autant d’expression. Il y a, dans son jeu, davantage de pesanteur que de gravité.
— Louis Guichard