2014 – 08 : Chef d’œuvre du film noir de Billy Wilder : Assurance sur la mort (1944)

Commentaires et extraits

Assurance sur la mort (Double indemnity) est un chef d’oeuvre du film noir au scénario implacable au schéma narratif original (pour l’époque) : “tout” est connu dès le début mais pourtant le film tient toujours en haleine. Chef d’oeuvre intemporel.

Dans les années 40-50 à Hollywood, le film noir était un genre incontournable et tout jeune réalisateur devait y faire ses gammes.

Mais Billy Wilder qui est un réalisateur et scénariste d’exception, dans le genre “film noir” a dépassé le simple exercice de style et le film de commande, il a réalisé deux chefs d’œuvre (Assurance sur la mort et Sunset Boulevard), deux classiques du genre (dont certains réalisateurs se sont inspirés sans jamais les égaler).

Double Indemnity (Assurance Sur la mort 1944)
Double Indemnity (Assurance Sur la mort 1944)

Dans ce film, un célibataire d’une quarantaine d’année (Walter Neff – Fred Mac Murray) vend des assurances. Il est compétent et respecté de son supérieur (et presque ami Barton Keyes – Edward G Robinson) qui étudie chaque situation qu’il lui soumet avant chaque chaque contrat qu’il fait souscrire. Il vit modestement dans un petit appartement. Un jour, tandis qu’il démarche un homme âgé et propriétaire d’une luxueuse demeure, il rencontre sa fille (issue d’un premier mariage) puis sa femme (Phyllis Dietrichson – Barbara Stanwick) (deuxième mariage) dont il tombe amoureux

La première rencontre de Walter et Phyllis est un modèle du genre : la blonde (pas encore) fatale, le gars (pas tout à fait) honnête, la lumière et les dialogues ciselés.

Peu à peu, Walter tombe amoureux de Phyllis et commence une liaison avec cette femme (blonde séduisante et mystérieuse – Barbara Stanwick actrice par ailleurs droite excelle dans la séduction et le double jeu). Il leurs vient l’idée folle d’une escroquerie à l’assurance : faire souscrire une assurance vie au mari, provoquer un accident pour l’éliminer puis récupérer le double de cette assurance au moment du décès.

Le plan est minutieusement préparé à chaque occasion où les deux protagonistes se rencontrent.

Puis le plan est mis en œuvre. Mais pour cette escroquerie, l’assassinat est maquillé sous forme d’accident.

Chef d’œuvre du film noir, il le doit d’abord au scénario qui révèle toute l’histoire dès les premières minutes du film et qui le démonte le cliché de manière implacable. C’est un modèle du genre : il n’y a pas de cadavres inutiles (1 seul), pas de personnages secondaires fades et déjà vus, le « héros » n’en est pas vraiment un et la blonde est plus subtile qu’il est de coutume dans ce genre de film. La construction narrative mélange des scènes imparables avec des réflexions en voix off (marque de fabrique de Billy Wilder), cette voix off (celle de Neff l’anti héro) et les remarques du supérieur (remarquable Edward G Robinson) qui alterne humour et lucidité.

Les dialogues sont précis, ciselés, parfois drôles, longs (une autre des caractéristiques de Billy Wilder). Le suspense est maintenu jusqu’au bout alors qu’on (croit) connaitre la fin dès les premières minutes du film : Walter un des deux coupables est sur le point de mourir et on se demande toujours si son supérieur  va démêler cette histoire somme toute sordide, trouver l’autre coupable (Phyllis).

Il plane une ambiance sombre presque une tragédie à peine atténuée par de l’humour noir. La photographie est splendide. Le noir et blanc renforce le coté crépusculaire et la photographie s’attarde sur des visages et Walter et Phyllis d’abord passionnés puis froids puis dépassés par ce qu’ils ont provoqué ou celui de Barton (magnifique second rôle de Edward G Robinson) lors qu’il tourne autour de la vérité.

Le  film est implacable et tragique : sous prétexte d’aspirer à gagner un peu plus d’argent et de partir avec une femme, un homme bascule dans l’irréparable.

Scène de soupçons. On ne révélera pas le film qui reste splendide même en l’ayant déjà vu.

La narration de Assurance sur la mort deviendra un modèle pour plein de films (exemple : « l’impasse » de Brian de Palma).
A noter aussi qu’un remake de chef d’oeuvre est souvent dur à ingurgiter : en 1973 une version TV est tournée et est une déception : les acteurs du téléfilm sont peu connus et même si la narration reste (presque) la même plan pour plan, la magie n’opère pas (En partie à cause des dialogues de l’interprétation (fades) et du scénario plus classique que l’original). Peut être aussi à cause de la couleur : un comble pour un film noir.

Reste ce chef d’oeuvre original à revoir absolument.

C’est aussi un chef d’œuvre dans un genre en partie disparu (le film noir). Enchaînement implacable de l’histoire, des antis héros (qui font exploser les clichés de ce genre de personnage), des brillants seconds rôles (Barton et Lola)  et la voix off.

On peut revoir le film plusieurs fois sans se lasser et même en connaissant l’histoire parce que l’histoire est plus complexe qu’il n’y parait.

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