Le monde classique de Bernard Herrmann (sessions 70) :
En 89, j’avais peu de CD mais déjà une bonne proportion de disques d’Herrmann. Mais par certains cotés, c’était de la musique « vieux jeu » car elle avait été composée il y a plus de 50 ans, elle comprenait des instruments classiques et elle n’était pas interprétée par des jeunes hirsutes gesticulants sur des rythmes frénétiques.
Mais ce n’était pas non plus de la musique « classique », celle qui flatte le bon goût et la respectabilité car ce n’était que de la musique de film.
D’ailleurs Herrmann à son époque souffrait du peu d’intérêt manifesté à la musique pour les films. Une grande part de son amertume de son tempérament volcanique était liée au peu de respect qu’on avait de sa musique et de la musique de film en général.
Bref, ces disques et cette musique étaient pour moi comme un jardin secret musical. Je mettais les disques au fond de mes étagères, la où l’œil ne s’attarde pas et je les écoutais seul avec ce mélange de curiosité, d’ivresse musical et de passion romantique.
Le disque « Le monde mystérieux de Bernard Herrmann » est la réédition en CD d’un des disques du coffret de 3 disques vinyls qui m’a fait découvrir Herrmann. Ce CD est tirés des sessions d’enregistrement d’Herrmann (en 1970) de quelques unes de ses partitions favorites : on trouve ici sous la forme de suites musicales « Citizen Kane» (1939), « Jane Eyre » (1943), « Les neiges du Kilimandjaro » (1952), « The Devil and Daniel Webster » (et un extrait de « Jason et Les Argonautes » tiré des sessions 75 mis la on ne sait pourquoi).
Avec Citizen Kane, et The Devil and Daniel Webster, Herrmann obtient la récompense du public et des critiques (qu’il n’obtiendra plus jusqu’à sa mort avec un prix à titre posthume en 1976 pour « Obsession » et « Taxi Driver »). Sa partition emprunte des airs traditionnels mais Herrmann pose déjà ses principes musicaux (que fautes de connaissances musicales suffisantes, je ne pourrais expliquer). Dans les « Neiges du Kilimandjaro », Herrmann qui vient de terminer son opéra « Les Hauts de Hurlevent » retrouve un style très romantique et lyrique avec l’un de ses thèmes les plus longs. Si « Les Neiges » m’emporte dans un élan musical, je reste globalement émotionnellement moins fanatique de « Citizen », « The devil » ou « Jane Eyre ».
« Citizen Kane » est la première partition d’Herrmann pour les films, c’est sa consécration avec Orson Welles avec qui il travaillait déjà sur les ondes radiophoniques.
Dans ces sessions, Herrmann assemble ses thèmes dans un ensemble fluide et cohérent. Il retrouve l’Orchestre Symphonique National de Londres.
Dans sa démarche artistique, il rend hommage aux individus à travers son travail des premières années. Il tente de faire un disque « commercial » ( à l’époque, il sortait d’une période artistique très noire où Hitchcock l’avait renié et où Hollywood l’avait oublié).