2000 – Le monde mystérieux de Bernard Herrmann

Le Monde Mystérieux de Bernard Herrmann (Sessions 75) :

L’enregistrement présenté ici date de 1975 avec le National Philharmonic Orchestra dirigé par Herrmann (et s’intègre aussi comme le dernier volume des suites musicales réarrangées et réenregistrée spar Bernard Herrmann pour le label Decca).
Il regroupe quatre œuvres majeures et uniques chères à Herrmann dans le genre « heroic fantasy » : « Le 7ème Voyage de Sinbad » (1958), « Les Trois Mondes de Gulliver » (1960), « L’Île mystérieuse » (1963) et « Jason et les Argonautes » (1964).

Bien que le genre « heroic fantasy » soit un genre mineur comparé au policier, il offre à Herrmann l’occasion de composer des partitions riches et d’inventer une musique originale pour décrire des univers imaginaires.

Comme point commun dans le choix de ces œuvres: elles sont nées de la rencontre entre un producteur et deux artisans du cinéma: un “maitre des effets speciaux” Ray Harryhausen, (inventeur des effets spéciaux peints sur pellicule) et Bernard Herrmann.

Aujourd’hui avec les effets numériques évolués, force est de constater que les films, bien que distrayants, sont devenus datés et ne sont pas extraordinaires. Mais la musique d’Herrmann qui éclipsait déjà les films, n’a indéniablement pas pris une ride.

Dans les années 60-80, le genre « heroic fantasy » a produit moins de chefs-d’œuvre que dans d’autres genres principalement à cause de la difficulté à créer des mondes imaginaires immersifs sur pellicules et le cout prohibitif des effets spéciaux. Herrmann a posé sa musique sur ces films ludiques sans pour autant abandonner sa démarche artistique exigeante. Les histoires des films ont été pour lui une aubaine artistique pour lui permettre “d’inventer” une musique originale ou de puiser dans plusieurs époques.


A la tête d’un budget plus conséquent qu’à l’habitude, Herrmann a composé une musique pour un orchestre large (70 musiciens pour « Jason »).
Et curieusement, « Le 7eme voyage » a été composé juste après le romantique « Vertigo », « Les 3 mondes de Gulliver » juste après le sombre « psycho », « l’Ile mystérieuse » après le terrifiant « Le cap de la peur » et « Jason » avant le triste « Marnie ». Pourtant, s’il y a des similitudes entre les 4 partitions, il y a peu de points communs avec « Vertigo », « Pycho » ou Marnie.


Dans ces partitions, Herrmann a créée un climat mystérieux et ample, plutôt tonique et puissant, avec beaucoup de cuivres et de percussions (particulièrement « Jason »).
Pour ma part, par exemple, j’aime beaucoup cette utilisation de harpes pour décrire les serpents ou les « arpies », ou des xylophones pour décrire les squelettes vivants, les percussions qui ponctuent chaque pas des géants et autres animaux monstrueux.
Les thèmes musicaux sont riches et variés. L’ambiance est plutôt marquée par l’aventure, les romances entre prince et princesse, les mystères, bref une parenthèse joyeuse et enchantée dans l’univers sombre, sérieux, romantique d’Herrmann.
Les suites d’Herrmann en 1975 avec l’Orchestre Philharmonique National, sont particulièrement réussies. En outre, à la même époque (la dernière année d’existence), Herrmann pourtant fatigué, était extrêmement actif. Entre 2 sessions d’enregistrement pour ses suites, Herrmann composait Taxi Driver et enregistrait Obsession.

Recording Sessions
1975 
"The Mysterious Film World of Bernard Herrmann": Suites, Mysterious Island, Jason and the Argonauts, and The Three Worlds of Gulliver (Feb. 6-7). 
National Philharmonic Orchestra. London. Decca..