2015 – 07 – Clint Eastwood 71-73, solitaire, autoritaire, bourreau et victime

Icône du cinéma

Clint Eastwood en plus d’être une icône du cinéma est aussi un metteur en scène intéressant par la diversité des sujets qu’il aborde et sa vision. Mais à ses débuts en tant que metteur en scène, 71-73  il me semble très ambigu dans sa manière de se filmer et de filmer la violence.
Dès ces trois premiers films : Un frisson dans la nuit (polar 1971) , Breezy (drame 1972) et l’homme des hautes plaines (western 1973) on reconnait un réalisateur éclectique mais aussi un homme qui joue avec son image d’acteur et sa popularité.

Solitaire et autoritaire
Célèbre en cow-boy dans la série des dollars de Sergio Léone (“Pour une poignée de dollars” (1964) “et quelques dollars de plus” (1965), “le bon la brute et le truand” (1966)), célèbre en flic dans “un shérif à New York” (1968) puis “Harry” (1971), Eastwood malgré un jeu froid inexpressif et peu éloquent joue sur son physique et sa présence, plébiscités par les spectateurs. Il est aussi filmé comme viril, solitaire imposant une loi : la sienne !.

Bourreau et victime

Sans doute pour trancher avec ses rôles de solitaires où il flingue à tour de bras, Eastwood s’essaye à la réalisation en se décrivant moins violent (tout au moins gratuitement) et moins tranché. Dans “un frisson dans la nuit” son premier film en tant que réalisateur et dans  l’homme des hautes plaines il est tour à tour victime et vengeur suivant sa loi qu’il impose par la force. Eastwood réalisateur s’approprie dans “un frisson dans la nuit ” les codes du genre film noir (en développant une relation psychologique trouble entre lui (Eastwood acteur) et une femme) mais il apparait toujours macho assumé aavant de devenir victime. Est sa volonté de jouer/malmener les clichés du macho au cinéma ? Est ce une attitude assumée d’acteur égocentrique, omniprésent et populaire de jouer avec son image ? Est ce son expérience d’acteur réussie dans “les proies” (1971) de Don Siegel où il est mâle malmené par une horde de femmes.  Eastwood peu à peu se décide à rompre avec l’image du héro machiste que Leone avait établi dans sa trilogie des dollars ? Dans “Breezy” il n’apparait pas.

Ambigu dans l’homme des hautes plaines

Eastwood sait qu’il plait dans sa façon d’apparaitre à l’écran. Sa grande taille, une démarche féline, son visage longiligne des petits yeux magnétiques, une voix calme, l’absence de dialogues ont contribué à faire de lui le symbole des héros taciturnes et solitaires. Dans “l’homme des hautes plaines”, Eastwood se réapproprie son personnage “d’étranger” hérité des films de Leone. Sur de sa popularité, lui qui a établi un type de personnage emblématique du western (le genre western qu’on qualifiera de crépusculaire puisque le genre a eu une recrudescence incroyable avant de s’éteindre presque définitivement fin 70).
Eatwood est “stranger”. Est ce le diable incarné, un fantôme exterminateur, un vengeur ? Un peu de tout ça dans cette histoire de vengeance somme toute classique (mais est ce que la majorité des western n’est pas une seule et même histoire: la déclinaison d’une vengeance).
Eastwood utilise les codes du western mais réalise une histoire ambigüe où la loi est tournée en dérision, bafouée, l’autorité du maire est renversée, les femmes sont presque toutes des perverses et le village entier recèle de couards de lâches.
“Stranger” va punir cette ville de bien des manières même s’il ne fait que révéler ce que la ville sa population a de mal en elle. Eastwood combat le feu par le feu bien que la la religion ne soit qu une forme de refuge à la lâcheté. En cela, Eastwood acteur est ambigu et Eastwood réalisateur fait triompher la loi d’un homme qui s’auto-proclame maire et shérif.  Peut être dans la lignée des films shérifs a New York et Harry Callaghan ?.

Il semble que dans les films suivants de Eastwood l’ambiguïté soit un peu levée bien qu’Eastwood reste une icône du héro machiste au cinéma. Eastwood a ses débuts s’approprie le héros machiste et manichéen (qu’il a crée et qu’on a vu en lui)  avant de le détruire, s’en détacher pour finir par le condamner dans ses films suivants.

Critique DVD Klassik Un frisson dans la nuit

http://www.dvdclassik.com/critique/un-frisson-dans-la-nuit-eastwood

Critique DVD Klassik L’homme des hautes plaines

http://www.dvdclassik.com/critique/l-homme-des-hautes-plaines-eastwood