2017 : Quand L’inspecteur s’emmêle (A Shot in the Dark) 1964

Quand l’inspecteur s’emmêle (A Shot in the dark) est – à mes yeux – un classique et un chef d’œuvre de la comédie (visuelle), une sorte de cartoon réalisé en images réelles.

Extrait Vidéo : Festival Clouseau – A Shot In The Dark

Il y a les ingrédients d’un film comique : un gentil gaffeur (l’inspecteur Clouseau– l’inénarrable Peter Sellers), des seconds rôles qui tentent d’être sérieux (Dreyfus, Kato), des dialogues percutants (les mélanges de mots de Clouseau, ses conclusions farfelues et décalées), une histoire romantique, une parodie de film policier (et de comédie de boulevard), et surtout une suite de gags et de gaffes (effrénés) rythmée par la brillante réalisation de Blake Edwards et la musique de Henry Mancini .

Blake Edwards a trouvé avec Peter Sellers (et vice versa) son complice comique et avec Henry Mancini son musicien.

Certes “Quand l’inspecteur s’emmêle” est une comédie qui ne se fait plus aujourd’hui et du coups certains la trouveront datée, tant par le ton que par le rythme. C’est le show de Peter Sellers qui pose toutes les bases de son interprétation de l’inspecteur Clouseau. Plus jamais on ne l’oubliera.

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Pour aller plus loin

Quand l’inspecteur s’emmêle


SYNOPSIS

Un crime est commis dans l’hôtel particulier d’un milliardaire. L’affaire semble claire. Maria, la soubrette, est retrouvée près du cadavre de son amant, l’arme à la main. Mais pour l’inspecteur Clouseau, chargé de l’enquête, au grand dam de son supérieur hiérarchique, tout cela est trop simple. Il est persuadé que Maria est innocente. A la suite une multitude de crimes, il finira par trouver l’assassin.

LA CRITIQUE TV DE TELERAMA DU 26/04/2008

Film de Blake Edwards (A shot in the dark, USA/GB, 1964). Scénario : Blake Edwards, W. P. Blatty, d’après Marcel Achard. 100 mn. VF. Avec Peter Sellers, Herbert Lom, Elke Sommer, George Sanders.
Genre : Clouseau, acte II.
Même Blake Edwards n’a rien vu venir. Le triomphe inattendu de La Panthère rose (1963) ne doit rien à la sophistication de sa mise en scène (elle l’est, pourtant). Ni à l’élégance de son casting : David Niven, le mannequin Capucine et Claudia Cardinale. C’est le générique qui a fait hurler de rire (la silhouette animée d’une panthère efflanquée sur une musique jazzy d’Henry Mancini). Et un second rôle : le flic empoté et gaffeur, baptisé Clouseau, et interprété par Peter Sellers (remplaçant, au dernier moment, un Peter Ustinov pas convaincu par le rôle…). Profitant de la gloire soudaine de ce doux dingue, devenu, en quelques semaines, le flic le plus célèbre du monde, le duo Edwards-Sellers, très complice (ça se gâtera par la suite…) se lance à corps perdu dans leurs passions communes : le cartoon, le surréalisme et le burlesque lent à la Laurel et Hardy.
A partir d’une pièce de Marcel Achard (L’Idiote, créée par Annie Girardot) qu’ils massacrent joyeusement, ils décident de rendre leur inspecteur fou d’amour pour la femme de chambre d’un milliardaire, qui semble (en toute innocence ?) semer les cadavres autour d’elle. Puis, ils lâchent leur gaffeur fou au coeur d’une intrigue absurde qui va l’amener à se déguiser en judoka, puis en Toulouse-Lautrec, pour prouver l’innocence de sa belle. Sans atteindre l’inspiration du meilleur épisode (Quand la panthère rose s’emmêle, une dizaine d’années plus tard), le film est suffisamment déjanté pour séduire. Comme d’habitude, la mise en scène d’Edwards chorégraphie chaque gag pour mieux transformer le burlesque en fatalité tragique.

Pierre Murat

 

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Quand l’inspecteur s’emmêle (1964)

Un film de Blake Edwards

3155395371_c45f01eb53_m.jpgDeuxième opus des aventures de l’inénarrable inspecteur Clouseau (Peter Sellers), ce film s’installe dans les souliers de La Panthère rose (Blake Edwards, 1963) pour jouer sur le naturel gaffeur du personnage principal. Le but du jeu, dès lors, est de deviner ce que Clouseau peut faire de maladroit dans l’instant qui suit ; hop une mare, il y tombe dedans, tiens un fauteuil, il en bascule et tombe dans une pirouette, et voilà des queues de billards, il en casse une en deux et ainsi de suite. Résumer la force burlesque du métrage à un enchaînement non-stop de situations drolatiques est malgré tout assez vrai, mais ne saurait constituer pour autant une critique négative. Sellers déambule dans les différents décors en prenant bien soin de n’éviter aucun obstacle, pérennisant une véritable école gestuelle dans les suites de la Panthère rose, mais également dans un autre grand film burlesque d’Edwards, The Party (1968). Ses gesticulations, son accent de simili-indien et son air détaché siéent bien à cette sorte de happening new-age. Dans Quand l’inspecteur s’enmêle (A shot in the dark), Il y a du génie dans l’acrobatie, dans la maladresse ou la cascade involontaire. On y retrouve un sens de la comédie hérité des grands du muet, Buster Keaton en tête (pour le visage impassible et les scènes-exploits) et Chaplin bien sûr, pour le sens inné du tempo de la gamelle.

Le sympathique plan-séquence d’ouverture, obscurci par la nuit (c’est la séquence du “tir dans l’obscurité” du titre), donne le “la” pour la suite du film, à base de quiproquos, situations grotesques et dénouement volontairement fumeux. Elke Sommer, rescapée de l’étrange et fascinant Lisa et le diable (Mario Bava, 1960), tourne la tête de notre inspecteur, décidément bien entourée dans cette saga (on y croise au fil des épisodes Claudia Cardinale, Capucine entre autres).

La plupart des gimmicks de la série font leur apparition dans ce deuxième opus, décidément mètre-étalon de la saga -paradoxalement, il n’était au début pas une suite à la première Panthère, mais l’adaptation d’une pièce d’Harry Kurnitz ; reprenant uniquement le titre de l’œuvre, Blake Edwards l’a remanié pour surfer sur le succès du premier film. Les attaques incessantes du majordome Kato et leur irrésistible élan destructeur, l’art consommé du déguisement de notre inspecteur, ne ratant jamais une occasion de se travestir : tantôt chasseur, peintre, marchand de ballons, et, déguisement ultime, nudiste, affublé d’un canot pneumatique (côté pile) et d’une guitare (coté poils). Ces déguisements sont l’occasion d’une mise en scène cartoonesque, surtout dans cet opus où à chaque accoutrement correspond une nouvelle arrestation par les forces de l’ordre. L’effet de répétition, ajouté au comique de chaque situation, forment une belle alchimie. Les tics maladifs du commissaire Dreyfus (Herbert Lom), provoqués par les agissements étranges de Clouseau, transforment le pauvre Dreyfus en monomaniaque au comportement borderline, tel un Mister Hyde de la plus belle eau. Clouseau est élevé au rang de syndrome, dont les signes avants-coureurs sont les mêmes : tics nerveux, agitabilité et … fous-rires incontrôlables (cette fois pour le spectateur !).

Cependant, l’amusement que le film distille aujourd’hui est quelque chose qui n’existe plus vraiment dans le cinéma contemporain : la comédie d’aujourd’hui essaie l’efficace, le bon mot systématique et le rendement au nombre de rires par minute. Ce qui fait du personnage incarné par Peter Sellers un très grand, c’est dans le spectacle qu’il donne dont on pourrait penser qu’il est improvisé. Ce n’est pas une comédie de rendement. Ses mouvements semblent être le fruit du hasard, d’une chorégraphie libre, non-programmée. Le rythme flottant des gags ne provoque pas toujours le fou-rire mais le plaisir diffus d’une attraction de cirque, d’un humour toujours sur le fil : Sellers est le clown et Blake Edwards son Monsieur Loyal. Par contre, quand le rire surgit, quand il arrive à franchir la barrière d’un esprit déjà bien égayé, il devient fou, et l’enchaînement régulier des situations toujours plus alambiquées ne vous déride pas de sitôt. Que demander de plus ?

http://lefilmetaitpresqueparfait.hautetfort.com/archive/2009/01/01/quand-l-inspecteur-s-emmele-1964.html