2008 – Bernard Herrmann – discographie et lecture

La discographie d’Herrmann est imposante : plus d’une centaine de disques.

Parmi la soixantaine d’œuvres pour le cinéma, autant de disques associés : certains exhumés des archives, des enregistrements réédités depuis en CD. Mais l’intérêt pour ses œuvres se traduit toujours par de constants réenregistrements depuis 1990. En live lors de nombreux festivals encore aujourd’hui.

Pour débuter, coté disque, on pourra commencer par deux compilations enregistrées par Herrmann (sessions en 68 et 74 à Londres). En deux heures, un concentré de son style (quelques fameux thèmes) , un éclairage (condensé) suivant 3 facettes de Herrmann : Herrmann et le suspense, Herrmann et le romantisme, Herrmann et le fantastisque.

Vidéo : la suite vertigo

Il faudra jeter un oeil sur  l’intéressant article de Bernard Herrmann sur wikipedia.
Puis consulter le site http://www.bernardherrmann.org/ .

Puis enfin pour les collectionneurs passionnés se délecter du splendide ouvrage de steven C Smith (a heart in a fire center).

Steven C Smith
A heart at fire’s center

2008 – Bernard Herrmann

A mes yeux (ou ici à mes oreilles) pour bien mesurer l’importance d’un compositeur comme Bernard Herrmann, on peut se référer à son imposante discographie (la quasi totalité de ses partitions originales, de multiples réenregistrements et des concerts -encore aujourd’hui- de ses oeuvres populaires).

A l’écoute, on remarque la qualité constante de son oeuvre (de 1940 à 1975), son style unique (des motifs simples mais agencés dans une structure complexe). Sa musique de facture classique traversent les époques sans être démodée.

Pour les cinéphiles, parler de Herrmann c’est parler des réalisateurs qui ont travaillé avec lui : Alfred Hitchcock, Orson Welles, Brian de Palma, Martin Scorcese.

Pour les audiophiles on peut citer des compositeurs qui se revendiquent de lui : Danny Elfman, Elmer Bernstein.

On peut aussi citer (siffler ?)  les airs célèbres (les violons de la scène de la douche de Psychose, le refrain de Twisted Nerve – repris dans Kill Bill) ou à ses compositions qui existent en dehors des films (l’armée des 12 singes, Kill Bill, The artist).

Mon example parmi d’autres : l’ouverture de Mais qui a tué Harry : nerveuse, joyeuse et un indéniable apport à l’image.

Vidéo : Ouverture de Mais qui a tué Harry

 

2010 – Les émotifs anonymes

Film tout en délicatesse et humour, les émotifs anonymes parlent de deux grands timides qui tombent amoureux l’un de l’autre.

Réalisé par un grand émotif lui même Jean-Pierre Améris, cette histoire simple mais brillante est portée par l’interprétation lumineuse d’Isabelle Carré et celle en retenue de Benoît Poelvoorde.

Le film se passe près de Lyon et parle aussi du chocolat. Un film avec des personnages secondaires eux aussi excellents qui se regarde en grignotant …. du chocolat.

Dans l’extrait qui suit, c’est la première rencontre entre Angélique Delange et  Jean-René Van den Hugde. Un entretien de recrutement dans l’entreprise de chocolat dont Jean-René Van den Hugde est le président.

Vidéo : Entretien d’embauche

2005 – Moonraker (1979) de Lewis Gilbert

Commentaires article et extraits

Moonraker est un James Bond qui a marqué son époque dans le grandiose et la surenchère. Dans la continuité de “l’espion qui m’aimait” il en reprend plusieurs ingrédients : la réalisation de Lewis Gilbert, le méchant séduisant et mégalo (le français Michel Lonsdale), les gadgets dernier cri, les balades dans tous les coins du globe, les décors somptueux et originaux de Ken Adam, le retour de Jaws et l’humour décontracté de Roger Moore. Et le tout enrobé de la musique de John Barry qui fait son retour.

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Retour de la légende …. dans la démesure.

Le film essaye aussi de s’immiscer dans le créneau des batailles laser dans l’espace (initiées par star war).

Bataille laser sauce Bond

Pourtant malgré la musique de John Barry, des gadgets étonnants et farfelus (la gondole à moteur et à roues), des décors grandioses (cascades, montagnes, chateau, station spaciale), l’histoire semble être un collage de scènes toutes plus spectaculaires les unes que les autres mais sans logique évidente et implacable.

La gondole à moteur et à roue.

Pour aller plus loin l’excellent article de DVD classic.

Malgré les défauts de l’histoire, il reste donc de belles scènes disparates, un best of de Bond dont voici plusieurs extraits.

Le pré-générique toujours spectaculaire (qui fait peu être référence à celui de l’espion qui m’aimait qui est un modèle du genre).

Apparition de Bond et retour de Jaws personnage plébiscité des spectateurs.

Première rencontre de Bond et Drax. Bond rencontre Corinne et le Docteur Goodhead (personnage qui comme “Triple X” dans “l’espion qui m’aimait” est une femme “à la hauteur de Bond”).

La scène de la centrifugeuse.

La scène du carnaval de Rio spectaculaire.

La poursuite en hors bord dans les cascades.

La poursuite en gondole.

La découverte de la base de lancement.

La découverte du laboratoire de fabrication de virus.

La bataille dans la fabrique de verre.

Bond et Dr Goodhead.

2017 – 03 : Cent mille dollars au soleil (1964)

100000 dollars au soleil est un film d’aventures qui vaut plus par les dialogues de Michel Audiard mis en œuvre une pléiade d’acteurs populaires (Ventura, Belmondo, Blier) que par un scénario assez classique (course poursuite autour d’un camion remplis de dollars). Pourtant la mise en scène intègre suspense et action mais c’est surtout les scènes comiques qui donnent de l’intérêt au film.

Dans l’extrait qui suit Belmondo a subtilisé le camion et Ventura accompagné d’un américain un peu louche part à sa poursuite. En escale chez le sourdingue Belmondo invente un bobard pour l’amener à ralentir Ventura …

extrait

 

2017 – 01 : Shaun the sheep

Shaun The Sheep
Shaun The Sheep

Shaun the sheep est une merveille d’animation et d’humour anglais. Sans dialogue, sans effet spéciaux numériques, les studio aardman réussissent le tour de force de raconter aux petits et grands drôles des histoires d’animaux drôles et simples. On n’est pas dans le registre des fables de la fontaine. Shaun, le chien Bitzer qui marche au sifflet ses copains moutons, les cochons sales et toute une panoplie d’animaux sont tordants le plus souvent et volent la vedette à des humains : le fermier, la grand mère, le livreur de pizza.

La série Shaun est réalisé en stop motion à partir d’élément modelé, de maquettes, c’est un travail d’artisan unique. Ce procédé lui confère un style unique mais ce qui est remarquable c’est aussi les bruitages hilarants et des scénarii excellents.

Shaun apporte de la bonne humeur, il est bourré d’humour (anglais) et se goûte à tout moment par petites touches de 7 mn.

Shaun parvient à égaler Wallace et Groomit qui était pourtant déjà excellent. La ou Wallace et Groomit a des dialogues et des histoires sans doute plus adultes, Shaun est plus visuel et simple. Shaun est plus dédié à la TV alors que Wallace et Groomit sont sortis au cinéma. Mais les deux séries sont motivées par le même esprit ludique et joyeux.

La série Shaun est un univers foisonnant d’épisodes pratiquement tous excellents. Seul le moyen métrage “les Lamas” est décevant ( la seule fois ou Shaun est un peu méchant).

Regarder des Shaun c’est ne plus pouvoir s’en passer.

 

2016 – 11 : Miss Pérégrine de Tim Burton (2016)

le film est une réussite et particulièrement si on aime Tim Burton: scénario, ambiance, direction d’acteurs, visuels, humour : tout est très original et enivrant (et ça c’est pour moi) bourré de références (oiseaux , Shining, Sinbad, le survivant, et …… les autres films de Burton). Ceci dit comme dans beaucoup de Tim Burton, il n’y a pas grand chose coté épaisseur. C’est un film de divertissement (et c’est l’un de ses meilleurs) que je conseille vivement.

2016 – 11 : Lawrence anyway de Xavier Dolan (2012)

Encore une référence à Kubrick qui est décidemment encore très présent, Xavier Dolan est un réalisateur qui promet d’être un des plus grands.
“Lawrence anyway” son film de 2h50 de 2012 sur l’histoire d’un homme (Melvin Poupaud) qui entreprend d’assumer son genre : celui d’être une femme.
“Lawrence anyway” est un coup de poing. Images, mise en scène et interprétation, on est dans un film très au dessus de ce qu’on a l’habitude de voir.
Hormis le sujet qui n’est quand même pas facile ni classique, j’aurais presque envie de dire qu’on est en présence d’un réalisateur “à la hauteur de Stanley Kubrick” un film en tout point réussi tant sur le plan de la forme et du fond. Et ses autres films (pas vu ) semblent sur la même veine.
Le film se passe au Québec, le film est en québécois et français avec certains passages totalement incompréhensibles. Xavier Dolan qui est né en 1989 écrit le scénario, les dialogues, met en scène et fait le montage. Il a le contrôle du montage final, il écrit les sous titres anglais ou français. On pense donc à Kubrick pour le contrôle total, la beauté des images (sauf ses plans à la caméra à l’épaule), le choix de sujets forts, on pourrait penser à Orson Welles dont le talent a éclaté très jeune (25 ans), on peut penser aussi à Cassavetes sur la narration basée sur l’émotionnel et la présence des acteurs, peut être aussi à Almodovar sur les sujets et les personnages “marginaux”
Ses autres films (6 films de la même, semble t’il, qualité et il n’a pas 30 ans) semblent des films assez forts sur le plan émotionnel.

1954 – Fenêtre sur cour de Alfred Hitchcock

Une idée sur le film de Hitchcock et un extrait.

Rear Window (Fenêtre sur cour) est un autre film marquant de l’age d’or de Hitchcock (53-62) et un film majeur du cinéma. Que ceux qui le nient passent par la fenêtre (symboliquement). Même si le film date de 1954, qu’il est tourné en studio, que l’histoire est courte et la musique très moyenne, il y a tous les ingrédients du chef d’oeuvre : suspense à tous les étages (amoureux, policier, psychologique), film à énigme et divertissement, amour et humour et interprétation de premiere classe du premier au dernier rôle. Fenêtre sur cour se déguste de l’entrée au dessert.

Stella et Jeff

Fenêtre sur cour est filmé comme un huit clos ( filmé en technicolor ) et comme dixit Truffaut une métaphore du cinéma. Ingénieux, malin, Fenêtre sur cour est un classique à revoir. Rear Window est aussi un suspense amoureux : la blonde Hitchcockienne Lisa (Grace Kelly) aussi libre que Jeff (James Stewart) est (diminué) et bloqué.

Lisa et Jeff

Fenêtre sur cour est un film sur le voyeurisme : avec un brin de provocation Hitchcock affirme que le spectateur est un voyeur et Jeff (James Stewart) avec ses jumelles et son télé objectif est un prolongement du spectateur : il regarde à travers les fenêtres qui sont autant d’ (de nos) écrans. Mais à y regarder de près on ne voit pas que des choses belles à voir.

Jeff et le téléobjectif

Mais replongeons dans ce film et la première apparition de Jeff et Lisa.

Suspense amoureux entre et Jeff et Lisa et première dispute.

Pendant ce temps Jeff qui doit tuer le temps observe ses voisins et parmi eux Thorwald.

Scène comique entre Stella et Jeff. Stella qui a un grand role dans l’histoire et symbolise le bons sens et le raisonnable. Jeff a des doutes sur Thorwald

Autre scène mythique entre Jeff et Lisa. Grace Kelly est lumineuse et sous la direction d’Hitchcock va poser les bases de la blonde Hitchcockienne : volontaire, tenace, maligne, gracieuse. Et pourtant nous ne sommes que dans les années 1950.

Jeff et Lisa : ou se mêlent les suspenses amoureux et policier

Lsa et Jeff tentent de convaincre l’ami policier

Jeff et Lisa en mission. Rapprochements.

Stella et Lisa en mission. Jeff coordonne.

Lisa chez Thorwald. Le suspense Hitchcockien.

En 1983 lors de la ressortie en salle de 5 classiques de cette période d’or Hitchcock (Fenêtre sur cour, L’homme qui en savait trop, Vertigo, mais qui a tué Harry et la main au collet) , une émission de cinéma proposait une interview de Jimmy Stewart et cet extrait : l’apparition de Lisa.  Avant de voir le film à la télévision quelques années après, cet extrait démontrait la maîtrise de Hitchcock en 5 minutes et un avant gout de ce film unique : tout l’art de Hitchcock.



2016 – 12 – 23 : Les Diaboliques (1955) de HG Clouzot

Les diaboliques est un thriller glaçant admirablement mis en scène par Henri Georges Clouzot en 1955 sur un scénario de Boileau et Narcejac (Celle qui n’était plus – 1952).

Les diaboliques poster

Un film glaçant (malsain ?) avec un minimum d’effets spectaculaires.
Une mise ne scène implacable pour un scénario diabolique .
Un cadre étouffant, un homme tyrannique, un duo de femmes déterminées, un détective privé tenace un meurtre et un mystère.
Tels sont les ingrédients de ce film excellent et unique.

Dans un pensionnat de garçons, le directeur (Michel Delassalle/Paul Meurisse) dirige l’établissement de main de fer et agit de la même manière tyrannique avec tout son entourage, sa femme institutrice (Christina/Vera Clouzot) et sa maitresse (Nicole Horner/Simone Signoret).

Les deux femmes, l’épouse et la maîtresse, sont proches l’une de l’autre (lesbiennes ?) unie contre la haine de Michel. L’une est fragile, l’autre est forte et elles vont s’unir pour éliminer Michel.

Derrière cette trame classique, le récit nous plonge littéralement dans l’angoisse, le suspense voire la terreur qui nous tiennent en haleine tout au long du film jusqu’aux ultimes minutes.

Henri Georges Clouzot réputé lui même pour son caractère dur (y compris pour sa femme Véra Clouzot), pour sa précision quasi maniaque a créé un ambiance pesant.

Le réalisateur a exigé de tourner et retourner les scènes créant une ambiance de travail éprouvante un peu à la manière de Stanley Kubrick sur le tournage de “Shining”.

On imagine combien le sujet est inspirant, le résultat est sans conteste à la hauteur mais au prix de difficultés personnelles et physiques.

Si le trio (antipathique) Michel/Nicole/Christina est omniprésent, les seconds rôles sont très bien écrits (mention au jeune Michel Serreau), Pierre Marquet, Noel Roquevert et surtout Charles Vanel dans le rôle du détective privé à la retraite Alfred Fichet (dont le lieutenant Columbo/Peter Falk trouve l’inspiration) qui apportent un peu d’humour et de respiration.

Les Diaboliques est aussi un film noir (seuls les enfants sont lumineux) pour la noirceur de ses personnages et sa photographie sinistre.

L’utilisation minutieuse de décors authentiques est l’autre atout pour nous plonger dans l histoire. On ne verra plus une piscine, un couloir de la même manière.

On en vient à être effrayé par ces ombres, ces longs couloirs (à la manière de David Lynch dans “Twin Peaks” ou “Mulholland Drive” ou Shyamalan dans “le 6ème sens” ou le film “les autres”) et ces vitres nous glacent.

Inutile de voir le très mauvais remake (pompé sur l original) “Les Diaboliques” (1996) avec Adjani et Sharon Stone (laissées à l’abandon). Il n’a pas pour seul but que d’énumérer toutes les erreurs rédhibitoires pour réaliser un excellent film (la couleur pour un film noir! des actrices iconiques mal dirigées, des jolis plans mais inutiles, des effets ratés) et souligne encore le talent de Henri George Clouzot et son équipe.

Il n’y a qu’un seul Diabolique et c’est celui qu’il faut (re)voir sans lire la fin !