- Bernard Herrmann Anthologie volume 3 : The Inquirer (Compilation 1991) : Compilation et inédits.
La réédition de 3 disques dans un coffret intitulé « Bernard Herrmann Anthologie » fut une surprise pour moi : qu’Herrmann puise être édité en compilation et que des nouveaux enregistrements sortent pour un compositeur de la vieille école.
La composition du coffret est curieuse (2 réenregistrements + une compilation avec des morceaux en doublons), des morceaux de ses 2 œuvres de “jeunesse” et une compilation des œuvres de ses dernières années). Sans doute des histoires de droits.
Dans l’ordre dans les bacs (En 1991 Internet n’existe pas et il faut chercher dans les magasins “physiques”), je trouvais d’abord la compilation le volume 3 (« The Inquirer ») puis le volume 1 (« Citizen Kane ») puis le volume 2 (« La fortune des Amberson »).
A chaque fois une pochette soignée et beaucoup de notes de commentaires à l’intérieur.
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1988 – Bernard Herrmann Taxi Driver
- Taxi Driver 1975 (1ere édition de la BOF) :
Suite au succès de « Sisters », De Palma réengagea Herrmann pour « Obsession », tandis que le producteur commun de De Palma et Scorcese, engagea Herrmann pour « Taxi Driver ». Malgré sa fatigue Herrmann, travaillait beaucoup, sur ces anciennes œuvres et sur de nouvelles. L’enthousiasme de jeunes réalisateurs passionnés lui donnait du courage, tandis qu’il traversait un nouveau bonheur amoureux avec sa troisième femme, une journaliste plus jeune que lui qui lui apportait tendresse et sérénité.
Steven C Smith écrit :
Scorsese sent the composer the script of his next project, Taxi Driver. Herrmann agreed to score the film. A prestigious picture for a major studio (Columbia), Taxi Driver was a triumphant turning point for Herrmann, who had become not only a cult figure among cineastes but also a composer again sought out by Hollywood’s best directors. “The new guys, they want me!” he told Ted Gilling with glee. “Usually in the past, the young guys would tell all the old guys to get the hell off the boatbut since I’m in vogue again, I can tell them where to go!” And to Norma, in an echo of Lionel Newman’s remark of a decade past: ” I’m running with the kids now.
- Obsession/Taxi Driver
Pour « Obsession », Herrmann s’enthousiasma beaucoup pour le personnage d’Amy Courtland qui lui rappelait le personnage de Madame Muir et la musique « Obsession » lui vint comme une évidence. Sans doute, ragaillardi par son succès artistique sur « Obsession », il s’attacha rapidement à sa tache sur « Taxi Driver ». L’après midi de Noël, il bouclait les enregistrement de « Taxi Driver ». Le soir, il se coucha tôt et s’éteint dans son sommeil.
- La partition de Taxi Driver en plusieurs tons
Lorsque j’écoutai la musique de Taxi Driver, je fus frappé par une chose : il y avait plusieurs thèmes de la BOF interprétés à la batterie et aux saxophone. Ces instruments n’étaient pas vraiment Herrmannien et la musique avec ses instruments avaient de ce fait bien vieillie.
J’étais déçu et j’oubliais rapidement cette musique excepté 3 morceaux splendides. Herrmann s’y révélait à son habitude sensible et romantique mais sombre. - Plusieurs éditions
Quelques années plus tard (2001), je compris que cette version du disque était amputée de la quasi totalité des thèmes interprétés par Herrmann avec l’Orchestre Philharmonique. A la place, les thèmes d’Herrmann avaient été réarrangés par Dave Blum avec batterie, guitare et saxophone et mis sur le disque sans doute pour qu’il soit plus « commercial ».
Lorsqu’il mourût, Herrmann faisait encore ce qu’il avait toujours fait : de la musique. Sans doute aurait été il heureux de voir que des jeunes réalisateurs s’intéressaient à sa musique, sans doute aurait il été heureux de voir « Obsession » et « Taxi Driver » recevoir un prix.
Quand à Taxi Driver, une deuxième version de la BOF en 2001, réintégra l’ensemble des morceaux composés et interprétés par Herrmann, ainsi que de nombreux ré-enregistrements partiels (Bernstein en 93 et Bateman en 96).
Ainsi je redécouvrais la partition de « Taxi Driver », sombre mais humaine, chaleureuse et sensible comme ce chauffeur de Taxi qui décide de sortir de la prostitution cette jeune fille perdue.
En ce début, d’année 90, j’étais heureux d’écouter et d’avoir des disques de ses 4 plus belles œuvres (« Vertigo », « Psycho », « Obsession », « Fahrenheit 451 ») et j’ignorais les rééditions et les ré-enregistrement de son œuvre qui allaient suivre.
1987 – Bernard Herrmann Battle Of Neretva
- Battle Of Neretva (BOF 1970) : film obscur
“Battle of Neretva” est la musique d’un film que je n’ai pas vu.
Le réalisateur ne semble pas particulièrement connu, les acteurs sont solides mais le film n’est pas resté un film culte.
Le film est un film épique qui retrace l’épopée de la bataille de Neretva dans l’Europe de l’est pendant la seconde guerre mondiale.
Le film est une coproduction et bénéficie d’un large budget.
Orson Welles (qui faisait des « petits films » en tant qu’acteur pour ramener suffisamment d’argent pour ses propres projets) est à l’origine de la venue d’Herrmann. - Motivations
Herrmann a sans doute été séduit aussi par la perspective de faire la musique d’un film de guerre, ce qu’il n’avait plus fait depuis « les nus et les morts » en 1959.
La partition du film de 2h30 est imposante. Pourtant l’enregistrement ici n’en propose que 40 minutes.
Herrmann a enregistrée sa partition en Angleterre où il résidait depuis son exil d’Hollywood à la fin des années 60. Plusieurs partitions du film existent en fonction des pays mais celle d’Herrmann est la meilleure. - Partition excellente
Certes si la pochette semble quelconque, le disque lui est unique.
Malgré le sujet guerrier, Herrmann a fait une musique ample mais pas pompière et s’est particulièrement plu dans la description des personnages dont il souligne les moindres sentiments et les moindres faiblesses. Herrmann est autant à l’aise dans des thèmes puissants et entraînants que dans des thèmes romantiques ou pathétiques.
L’utilisation de l’accordéon et de l’harmonica, loin de faire démodé, donne au contraire une authenticité à sa musique.
Dans sa pièce de choix « the Turning Point », Herrmann est puissant et donne une dimension épique et grandiose aux combats qu’il semble narrer.Steven C Smith ajoute :
Neretva’s instrumentation is larger than in any other Herrmann score; in sheer rhetoric it almost makes static film jump. (The London Philharmonic was again used, giving their best performance for Herrmann.) The title theme, a somber Balkan-style hymn set against a furious percussion cadence, immediately creates a sense of rushing momentum that distracts the viewer (at least initially) from the numbing repetitiveness of director Veljko Bulajic’s images. Majestic and terrifying, its expansive melody, orchestrated for low strings and brass, evokes like nothing in the film a sense of war’s tragic waste and the patriotism of Yugoslavia’s partisans. Two previous Herrmann compositions fit seamlessly into the score: the minor-third “murder” device for Torn Curtain‘s evil Russians now becomes a signature for Nazis, and the Venetian melody of Herrmann’s clarinet quintet, a spiritual idée fixe for Franco Nero’s Italian captain. Herrmann’s last major motive (there are others for the endless company of fighters) is related to his prelude, except here the neo-Russian hymn is a grinding, deliberately labored march that imparts genuine poignance to the partisans’ exodus across theirhomeland. (The cue is also an excellent example of when to slow images down for maximum effect.)
As Herrmann predicted, all the participants in the battle of Neretva returned to their native lands satisfied with either a propagandist tool or a thicker billfold. The less fortunate critics dubbed the film confused and tedious, and, like most international film ventures, The Battle of Neretva vanished into cinematic obscurity.
- Reprises
En outre, en reprenant quelques notes de « Cape Fear » (1962) et de la partition non utilisée « Le Rideau déchiré » (1966), Herrmann prouve qu’il ne perd rien de ce qu’il crée mais il ne cherche pas à faire de la redite, plutôt à fignoler encore.
Pourtant, c’est dans « Retreat » ou « Death of Danica » qu’Herrmann est le plus émouvant et le plus sensible. Même dans ce film de guerre, c’est son coté sensible qui l’emporte.
L’enregistrement est tonique et laisse une grande part aux percussions. Le niveau d’enregistrement est plutôt haut et Herrmann semble vivace.
Autant dire que si le film est peu resté dans les annales, la musique, elle est sublime, puissante entraînante et douce par moments.
Elle figure parmi mes préférées.