réunion d équipe : nous on s’appelle “les peintres” (ui) et l equipe serveur c’est les piafs
La routine . Quelques exemples
X2 “- je n’ai rien fait mais j’ai plein de choses à dire bla bla bla”
X1 : “blab bla bla J’espère que je ne t’ai pas coupé. Ah c’est à moi , ben j’ai rien à dire mais bla bla blab)”
X2 : “je me suis pris le bec avec les piafs”
X2 : ” vous avez voulu prendre les latest ben là c ‘est bien bugué”
X3 : “quand j ai fait mes tests après la démo, ca s’est bloqué et j’avais des trucs étranges”
X2 : “c’est les piafs ils font souvent du ménage après”
Tag: Bréviaire
1992 – Twin Peaks – Episode 6
Scénario : Mark Frost.
Réalisation : Lesli Linka Glatter.
Durée : 45 minutes.
Interprétation :
Kyle MacLachlan : Dale Cooper. Michael Ontkean : Harry Truman.
Michael Horse :Tommy Hill (Hawk). Harry Goaz : Andrew (Andy) Brennan.
Kimmy Robertson : Lucy Morane. Ray Wise : Leland Palmer.
Grace Zabriskie : Sarah Palmer. Sheryl Lee : Madeleine Ferguson.
Waren Frost : William Hayward. Mary Joe Deschanel : Eileen Hayward.
Lara Flynn Boyle : Donna Hayward. Richard Beymer : Benjamin (ben) Horne.
Sherilyn Fenn : Audrey Horne. Everett MacGill : Ed Hurley.
Wendie Robie : Nadine Hurley. James Marshall : James Hurley.
Peggy Lipton : Norma Jennings. Don Davis : Garland Briggs.
Charlotte Stewart : Elizabeth (Betty)Briggs. Dana Ashbrook : Robert (Bobby) Briggs.
Joan Chen : Josie Packard. Piper Laurie : Catherine Martell.
Jack Nance : Peter (pet) Martell. Eric DaRe : Leo Johnson.
Mädchen Amick : Shelly Johnson. Catherine Coulson : femme à la bûche.
Russ Tamblyn : Docteur Lawrence Jacoby. David Patrick Kelly : Jerry Horne.
Chris Mulkey : Hank Jennings. Don Amedolia : Emory Battis.
L’histoire :
– L’histoire se déroule le mercredi 29 février 1989 de 4h18 à environ 22h30.
– Cooper est réveilllé en pleine nuit par une brassée de norvégiens fraichement débarqués. Au petit matin, il rencontre Audrey qui est toujours fascinée par lui.
– Leland, toujours instable cherche à reprendre ses affaires avec Ben.
– Inspectant chez Jacques Renaud, Cooper détrouve qu’il possède une “boite aux lettres”, et que parmi les petites annonces “particulières”, il y en a plusieurs provenant de Laura et Ronnette.
– Shelly, qui est prête à tuer Léo, l’accuse de tremper dans des affaires douteuses avec Jacques Renaud.
– Fin des retrouvailles entre Ed et Norma, car tous deux rappellés par leurs conjoints.
– Audrey se fait engager au rayon parfumerie.
– Cooper découvre que Laura “travaillait” pour Jacques Renaud.
– Rencontre Maddy, James et Donna.
– Jacoby psychanalyse la famille Briggs et comprend l’incompréhension qui y règne.
– Truman, Cooper, Hawk et le docteur Hayward vont à la cabane de Margaret. La femme à la bûche les attendait. Elle leur révèle que la nuit où Laura a été tuée, elle a entendu dans la forêt des rires, des cris et a vu des hiboux qui virevoltaient. En continuant leur chemin dans la forêt, ils découvrent la cabane de Jacques qui abritait encore des indices : le ménate Waldo et un jeton du Jack-n’a-qu’un-oeil.
– Maddy découvre une cassette audio dans la chambre de Laura.
– Josie donne à Ben le deuxième registre.
– Le destin de Léo bascule lorsqu’après avoir été malmené par Hank qui agit sur les ordres de Ben, Shelly lui tire dessus avec un arme. Il s’écroule.
– En rentrant dans sa chambre, Cooper découvre Audrey dans son lit.
Commentaires :
– La fin relève plus du suspense psychologique que de la charlotte aux fraises mais surement moins que de l’Audrey aux cerises. Cette petite, pleines de ressources qui tente de faire chavirer le coeur de Cooper est l’un des personnages féminins les plus volontaires. Que va faire Cooper ? Malheureusement, nous ne pouvons qu’attendre fébrilement, tremblottant sur nos pauvres petites jambes le dénouement dans l’épisode suivant.
2007 – 07 – 07 – Taxi Driver – Part 3
Le trajet dura comme prévu : plus d’1H30.
Un trajet sinueux et obscur.
En d’autres circonstances, le parcours eut été qualifié de campagnard et montagnard.
Arrivé à Rieti, le barbu se planta pour trouver l’hôtel.
La boite à chiffre tournait.
Nous tournions également.
Malgré la pauvreté de la population à cette heure là, le barbu trouva un clanpin à qui il demanda son chemin.
L’hôtel apparut enfin sur une grande place majestueuse.
La boite à chiffre stoppa.
Nous également.
Coté faffiot, il me manquait maintenant une vingtaine d’euros.
Je proposais de tirer du carbure à un distributeur.
Pas possible d’extraire de la fraîche.
Finalement sans parler dans sa barbe, le chauffeur repartit avec un paquet d’oseil mais sans sa vingtaine d’euros supplémentaires.
Moi, j’avais ma facture : un papelard griffonné mais officiel.
Pour l’administratif, tout était en ordre.
Pour l’anecdote, j’étais en vrac.
Arrivé à l’hôtel, je me préparais à une entrée discrète.
Le genre ni vu ni connu.
Manque de pot, le portier me tomba sur le râble.
Pour l’entrée discrète, c’était raté.
Tout en anglais :
« je vous attendais plus tôt, le chauffeur a appelé, qu’est ce que s’est passé ? »
Sans me démonter, je lui expliquais l’aéroport, le chauffeur de taxi qui n’était pas là.
Le portier qui était très bavard, me dit qu’effectivement “son” chauffeur de taxi était en retard.
Il avait appelé aussi l’hôtel pour dire que je n’étais pas là.
Qu’il voulait aussi que sa course soit payée.
Que je devrais voir ça demain avec lui.
Ca c’est pour l’essentiel.
Coté détail, la discussion dura encore 20mn.
On aurait pu se dire que le “portier” de nuit était bavard parce qu’il n’y avait personne au guichet.
Le jour, c’était pareil.
Intarissable sur bien des sujets : la politique internationale avec le colonel de l’armée italienne ou le sport avec l’équipe américaine de soccer.
A près de 3H, j’étais enfin au pieu pour un repos bien mérité.
Le lendemain, le chauffeur de taxi qui devait aller me chercher la veille
était là.
Un minus dans une boite à savon italienne : une fiat de style panda mais visiblement pas capable de grimper aux arbres.
Je m’apprêtais à la discussion virile.
J’embrayais pour lui demander des explications.
Il ne parlait ni anglais, ni français.
Et moi pas italien.
Plus tard le minus revint à la charge en pleurnichant à l’hotel puis l’acceuil d’Alcatel.
J’appris qu’il voulait qu’Alcatel paya la course.
Le rondouillard en fiat repartit bredouille.
Frais rasé, gavé de fruits frais, de capucino et de croissants, j’arrivais fringuant au boulot.
Je devrais dire l’usine.
En arrivant dans les locaux, je fus accueilli par un grand chef : Giovani.
Comme de coutume, il empocha : ma main dans la sienne.
Toute en mettant son autre paluche sur mon épaule.
Certaines mauvaises langues prétendent qu’avec Gio, il faut recompter ses doigts après lui avoir donné la main.
Une autre langue de serpent affirme que ce qu’il donne d’une main, il le reprend de l’autre.
Bref j’étais tout de suite dans le beau bain.
A peine le temps d’enchaîner une politesse, il fallait déjà analyser un problème.
Mais je savais bien nager dans ces eaux là.
J’avais pris un bon petit déjeuner avec dans mon dos le portier qui me tenait la jambe.
Champion de l’anecdote, il savait aussi faire mousser le capucino.
Bien mangé mais peu dormi.
C’est avec le premier kawa : noir, minimal et délicieux que définitivement je fus en « mode on » pour toute la journée.
J’omettais de parler de l’anecdote de la veille.
Les flics italiens n’ont pas toujours le beau rôle sur la route.
Gio était fameux pour ses élucubrations soporifiques.
Il fallait aussi le voir en pilotage de Fiat : énergique.
Autant ses explications relevaient du discours interminable et pompeux,
autant sa conduite était directe.
Le summum : le voir faire les deux dans la même demi heure.
Resultat : fumée sur la route et dans les crânes.
A Vimmercate, j’ai eu l’honneur d’être ramené une fois à l’aéroport par Gio.
Entre mon conducteur de taxi malhonnête de Rieti et Gio, c’était comme choisir entre la peste et le choléra.
D’autres collègues eurent également l’honneur d’être véhiculés par Gio.
Harnaché dans une fiat neuve mais en toc, nous écoutions à l’arrière, Gio.
Qui partait sur une dissertation dont il avait le secret.
Tout en talonnant une bagnole de flic à 150.
Quand il lâchait le volant c’était pour étayer son discours.
Personne ne le relançait en lui posant une question.
Par contre lui relançait le poulet.
Gio faisait des grands gestes à la menu flicaille qui n’avançait pas et qui ne bronchait pas.
Sans doute normal.
A l’apogée de la démonstration, alors qu’il nous éclairait sur la gestion de réseau,
il aspergea les flics d’appels de phare.
Flics décidemment trop lents pour lui.
Quand il en y a pour deux il y en a pour trois.
Cette maxime extrêmement chaleureuse pour le voyageur fourbu transi qui se pointe
dans un havre de paix s’applique aussi à la circulation italienne.
3 de front sur une deux voies.
Ni une ni deux, Gio profita d’un deux sans trois pour se jouer de la volaille.
Mais revenons à Rieti.
Il y a de la solidarité entre collègues pour retourner à l’aéroport.
Deux collègues italiens qui prenaient un avion à peu près aux mêmes heures que moi,
se proposèrent de me prendre dans leur voiture de loc pour Rome.
Le trajet fut sans encombre.
A l’aéroport, les deux collègues n’eurent qu’un problème banal à régler avec l’agence de location.
Des flics leurs avaient dressé une contravention carla voiture de loc avaient de faux papiers !
2007 – 07 – 07 – Taxi Driver – Part 2
Cette première nuit italienne était chaude et moite comme une vieille mangue pourrie.
Rome Fumicino était dans le dos et je commençais à fumer.
A bouillonner même.
Mais intérieurement.
Sans vague.
Comme lorsqu’on jette des pâtes crues dans une eau frémissante.
Il n’y a que dans les films qu’un jeune homme prend en auto stop
un homme dont le passe temps est de trucider l’automobiliste.
Façon “Hitcher”.
Ce serait aussi une pure fiction que le minable à casquette,
dans le merdier de sa boite à gants, planque un flingue.
Ayant quelques talents pour énerver l’abruti de base,
je pensais qu’il valait mieux me contenir pour ne pas agiter
la petite guouape.
Ceci dit, je n’allais pas passer la nuit dans ce faux taxi minable.
A 80 sur l’autoroute, on se trainait.
Ca défilait à gauche et à droite.
On quitta l’autoroute.
L’ambiance était gelée.
Il y avait un stade.
Des gens en sortaient.
On était dans une route sombre.
Sur le trottoir, il y avait des filles qui faisaient le tapin.
Ah elle était belle la soirée italienne.
Comme un vulgaire merlan,
je m’imaginais débarqué sur le trottoir.
Une première nuit perdu dans faune aquatique.
Au lieu d’intégrer un pieu recommandable.
Ca ferait bien dans les gazettes du lendemain.
Il était hors de question d’en rester là.
Calme mais déterminé, je haussais ma voix d’un ton en visant le gars.
“Return to the airport”.
Le gars bascula d’un coup en italien.
Mis à part le “Non e possible” et une foule de détails destinés à m’embrouiller,
Je comprenais surtout que le gars aller s’accrocher à son pigeon.
Ce qu’il y a de remarquable chez l’abruti, c’est sa constance.
Infatigable, endurant.
Bref dans une telle situation, à moins de peser deux fois plus lourd
et de balancer une grosse claque ou un bourre pif,
il n’y a que le pognon qui fasse réfléchir l’abruti.
Je me suis dit qu’il fallait lâcher un peu de flouz.
Je pris un billet que j’étalai sur le tableau de bord.
Avec 20 euros, le gars s’illumina.
Il recommença à discuter un peu pour négocier, l’essence, le déplacement.
Finalement il me dit “OK”.
En soupirant et en faisant mine d’être navré.
Tandis que le minable faisait demi tour à l’arrache,
je soufflais intérieurement.
On fila fissa à l’aéroport.
Mais le temps de revenir, il se passa encore une bonne demi heure.
On ne disait plus rien.
Je regardais l’heure.
Je me disais que je n’aurais peut être plus de taxi.
Ni d’hôtel.
Peu m’importait de passer la nuit dehors.
A 5 heures du mat, il y aurait bien un taxi pour rejoindre l’hôtel.
En arrivant à l’aéroport, je sortais de la guimbarde.
Le malveillant me prédisait une mauvaise nuit.
Il tentait encore sa chance de me récupérer.
J’étais déjà passé à autre chose.
J’avais le numéro de l’hôtel.
Il était tard pour appeler.
Pour leur dire quoi.
L’aéroport était maintenant fermé.
La file des taxis vide.
Je me ruais sur un groupe de personne, à la recherche d’autres taxis.
Et puis le coup de chance, un taxi arriva avec sa petite loupiotte.
Un Renault, un espèce d’utilitaire.
Son client descendit du taxi et paya la course.
J’accostais le chauffeur qui allait repartir.
C’était un barbu, l’air tranquille un peu fatigué.
C’était un vrai taxi driver cette fois.
Il ne cherchait pas à m’agripper.
Je lui demandais s’il pouvait m’emmener à Rieti.
Je lui proposais de le payer en liquide,
Une centaine d’euros.
J’avais l’argent.
Il vit les biffetons et accepta.
Il me fit passer à l’arrière, enclencha son débitteur.
Mis la radio.
J’étais maintenant tranquille.
J’appelais l’hôtel pour le dire que j’arrivais.
Le “portier” dit OK.
Sans plus.
Le barbu regarda son plan.
Sa conduite était tranquille.
Je commençais à me détendre.
Mais pas au point de m’assoupir.
2007 – 07 – 07 – Taxi Driver – Part 1
Quand on hèle un taxi, on n’est pas obligé de tomber sur un conducteur, tendance De Niro, timbré,
le crane rasé qui vous répond avec un flingue sur la tempe par un “You talked to Me !” rageur.
Plutôt que de se faire abattre, on peut se rabattre sur un conducteur civilisé.
Le genre accompagné sur le siège avant par le cleps qui lèche son os.
Tandis qu’au volant, son pépère refait le monde.
C’est qu’il en a vu monter du monde, le molosse.
Il en a vu monter des personnalités.
Grimper même.
Et pas qu’une.
De la haute, du collet monté.
Quand on ne sait pas, on s’abstient.
On laisse à ceux qui savent.
Place aux vrais chauffeurs.
Ah bas, la viande à pneu, l’amateur, le chauffeur du Dimanche.
Vive les rois de la route.
L’égal des gros cubes et des routiers.
Le chauffeur de taxi italien dédié à Alcatel Vimmercate est du genre petit.
Mais nerveux.
Dans sa luxueuse et imposante Mercedes, il a de l’allure et du style.
Quand il apparait, il salue avec classe, il s’efface, il place.
Puis disparait dans son siège ajustable, son cockpit.
Comme un nourrisson disparait dans son couffin.
L’homme est petit et vif.
Pas besoin de le pousser.
Sur la route, c’est lui qui pousse.
Son siège est souvent échauffé.
Comme lui.
Faut que ça dépote.
Les espèces dérivées du flémard, hésitant ou touriste n’ont pas beau rôle.
C’est que lui, il travaille.
Il va de l’avant.
Sa voiture est un second home.
Bois, cuir, parfum d’ambiance, volant moumoute.
Tout est de bon gout.
Au volant, il est décisif et efficace.
Téléphone de voiture d’une main, il prend ses rdv.
Portable de l’autre, il rassure son épouse.
Qu’elle ne s’inquiète pas, il a la situation en main.
Sans forcer, il tient son volant avec les genoux et un petit 160.
La nuit, il n’hésite pas à tailler un 200.
Faut le savoir.
Les habitués savent qu’avant une course avec lui, il faut éviter de manger trop lourd.
Pour ceux qui ne le connaissent pas, il n’y a plus qu’à s’accrocher à une poignée de porte.
Elle est solide.
Et utiliser le vide poche.
Ma première arrivée à Rieti a été marquée par une anecdote que j’ai du raconter 20 fois.
Rieti est à 1H30 de Rome.
Petite ville située près des montagnes.
On prend le temps de vivre et d’y accéder.
Le trajet pour s’y rendre ne s’invente pas.
Rieti, c’est une grande première pour moi et vu que je n’y vais pas pour faire le touriste,
je demande à ce qu’un taxi m’attende à l’arrivée de l’avion à Rome.
J’imagine le taxi genre officiel, recommandable avec la petite pancarte.
Le genre de celui de Vimmercate.
La course sera de 120 euros. Pas de surprise.
Après un vol sans histoire, je me dirige vers la sortie (uscita).
J’attends mon oiseau.
Je l’imagine comme son condisciple de Vimmercate.
Je ne suis pas le seul à poireauter.
Dans le vol, il y a pas mal “d’hommes d’affaire”.
A coté de moi des conducteurs accueillent les “hommes d’affaires”.
Un homme m’accoste. Physique moyen, 40/45 ans, casquette, velour gris, habitué.
Visiblement, il me “cherche”.
“Taxi” ?
Avec mon plus bel anglais et ma “naïveté”, je lui déballe
“Are you the taxi booked by Alcatel to go to Rieti ?”
Tout est dit.
Le petit gars avec sa moustache et sa casquette opine du chef.
Prend une partie de mes bagages
Et m’accompagne à l’extérieur.
Moi un peu surpris qu’il n’ait pas de pancarte avec lui.
Mais moins que sa voiture.
Une vieille alpha roméo.
Dans la file des taxis sous un lampadaire éteint.
entre deux taxi Mercedes.
Du genre de celle du chauffeur de Vimmercate.
Je me dis que c’est normal.
On réserve la Mercedes pour les plus importants que moi.
Un vague autocollant “taxi” est collé sous le pare brise.
Je m’attendais à mieux.
Je lui demande sa carte de taxi.
Il me montre une carte usée, mâchée mais une carte professionnelle.
La voiture sort du parking.
J’embraye la conversation sur la réservation.
Le minus a une casquette, une fine moustache et soutient la réservation.
La voiture ne m’inspire guère.
Pourrie.
Pas très propre.
Parfum d’ambiance douteux.
Ca ne sent pas bon.
Je vais aux infos.
Les conditions de réservation du taxi par Alcatel.
Le gars est évasif.
Je commence à flairer une embrouille.
Mes soupçons se confirment lorsque le malveillant s’arrête pour prendre de l’essence.
… et veut me faire payer le carburant.
Bravo, me voila embarqué avec un blaireau qui voit en moi un pigeon.
Ou une vache à lait.
Je refuse de go.
Je me fends d’un : “You are not the taxi booked by Alcatel !”.
Le renard à moustache (pas convainquant) “yes yes”.
Moi : “How many for the trip ?”.
Le gars “300 E”.
Moi (pardonnez la rudesse du style et les fautes) :
“It’s not the cost for this”.
Le gars “no capito”.
Lors du terminus, je termine par la phrase définitive
“Return to the Airport, please !” (avec le “please” qui m’arrache la tronche).
2014 – mai : Mons ( et merveilles) 4ème partie : le off
Hotel du XIX
Rez de chaussée
– Hotelier : ah bonjour Mr Epiphanie Patrailongo comment va vot dame ? Bien bien. Ah je vois que vous zavez mis vot casquette une fois !
– Mr Epiphanie Patrailongo: oui, je l’emmène au colloque.
– H. : ah c’est le prince consort (ou qu’on sort euh euh euh).
1er étage
– Garçon d’étage : ah bonjour mme Patrailongo., y a vot’ chauffeur qui vous attend en bas
– Ah merci
– Garçon d’étage : Euh Maame Patrailongo, votre chauffeur faudrait qu’il pense a repasser sa liquette, ça ferait plus soigné une fois !
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buffet du pass
– Professeur Vandebrooke : schcrountch schrountch, slurp .. hum pas mauvais ce champagne et ces petits fours … Alors mon jeune ami, comment avez vous trouver le discours du dernier intervenant, le professeur Vandegomel ?
– Mr Epiphanie T : ben euh moi je suis juste le chauffeur de …
– Professeur Vandebrooke : Euh euh, il me fait bien rire ce professeur, comparer l’influence socio-culturelle de la macro réussite intra filière c’est comme dire que Charlemagne jouait au bilboquet euh euh euh euh elle est bonne celle la hein ? euh euh euh ! slurp ! burp !
– Dr Vandebruges : intéressant cette intervention du professeur Vandepute mais très simpliste voire sommaire, j ai moi même soutenu une thèse sur la rhétorique de l introduction et des influences sémantiques sur un exposé et j ai un doctorat sur la langue exposée et je peux vous dire que le thème du petit a/ a bien d autre ramifications syntaxiques qu’il n a bien voulu dire. C’était très raccourci en fait schcrountch schrountch, slurp ….. et je peux vous dire qu’en préparant ma thèse je ne savais plus parler (tant de mots dont on a usurpé le sens !) c’est en soutenant ma thèse que j ai retrouvé la langue
– Professeur Vandebrooke: il est facile de dire dans les cercles des pseudo-initiés qui campent dans les studios des différents médias que nous jeunes sauvageons qui peuplent les quartiers les plus éloignés de nos centre urbains historiques sont des fainéants. Mais parmi les intervenants je suis sidéré du nombre d’agrégés qui n’ont mis que 6 ans pour rédiger un torchon qu’ils appellent “thèse”.
– Professeur Vandebruges: je dois dire que cette voie de la rhétorique n est pas simple : il ne faut pas adopter une posture classique. Ma fille qui s’intéresse elle aussi à la langue est encore très loin de la bonne approche. Tiens justement c est elle qui m’envoie un sms ! – sms “slt yo tu dechires dm1 ?” – alors qu’est ce qu’elle dit ? – euh rien rien schcrountch schrountch, slurp ..
– Professeur Vandebrooke: Un bonne thèse, mon ami, nécessite au bas mot, 12 de réflexions, 5 ans de rédaction et 3 ans de relecture. Il faut au minimum épuiser 6 ou 7 bourses sinon c’est du travail bâclé, de l’approximation, de l’escroquerie intellectuelle, slurp
– Professeur Vandebruges: mon petit ami – c est quoi vot nom ?, la thèse ne peut pas ressembler a du travail d amateur ou a un exposé d’étudiant de première année, il ne suffit pas de placer des mots sur un éditeur de textes comme le font les informaticiens euh euh euh il faut plus que du corps et du cœur, il faut que ca vienne de loin que ca murisse, le mot n a pas de sens s il ne tourne pas, l’idée doit s’étoffer sous peine de tomber a plat , mon petit ami la thèse n est pas aisée chcrountch schrountch, slurp
– Professeur Vandebrooke: vous voyez professeur euh .. je n’ai plus votre titre en tète excusez moi … j’espère au moins que vous ne venait pas d’un IUT ? euh euh …. le Mot c’est un peu comme ce bon Vin que l’on nous servit hier au diner. Il faut le faire tourner dans le palais, le servir à température, le marier au contexte, c’est alors qu’on découvre qu’il a de la cuisse burp !
– Professeur Vandebruges: mon ptit ami, par certains cote votre activité de chauffeur vous permet de laisser reposer votre esprit, ca ne vous use pas. Mais nous nous sommes comme des F1, nos phrases sont comme des ligne droites exécutées à 300 à l heure toute en accélération, en puissance, il faut négocier nos transitions comme des virages, la meilleure courbe, l ‘allure maintenue, la souplesse et la rupture. Mon ptit ami, slurp slurp, la gloire, qu’est ce que c est, en comparaison de l exaltation du verbe, de l excitation du mot, mon p’tit ami.
– Professeur Vandebrooke : mon ami ne vous fâchez pas mais je trouve que vous avez une tête a gazouiller sur la toile ou a manier le SMS à l’envie. ça n’est que paresse de l’esprit ! l’ignorance de l’orthographe, de la grammaire, de la syntaxe correcte, le raccourci si promptement usité dans les messages électroniques ne sont que des images de la légèreté de la réflexion qui les ont précédés …. slurp … scrountch .. hum pas piqué des hannetons ce petit curry de crevettes … bref, je vous enjoins a pousser les rapports, à ne pas vous mettre en 3ème dès les 20km/h à peine atteints. La métaphore est certes pauvre mais j’essaie de me mettre à votre niveau euh euh euh … slurp !
– Professeur Vandebruges: mon ptit ami, je vous trouve intéressant, vos non dits sont plein de sagesse, vos silences en disent longs. Mais regardez, les intervenants de ce matin, voui bien sur il y a quelques bonnes idées mais noyées dans un charabia, un verbiage abscons, ils parlent pour ne rien dire la plupart du temps, slurp slurp tres fin ce foie gras, bien sur, il n est pas aisé, d’être juste, ne pas céder à la facilité, mais quand même à ce niveau, on se doit d’être bon. Je vous invite à relire les 15 volumes de la rhétorique simplifiée, très enrichissant quoiqu’un peu surfait, 5, 6 volumes supplémentaires auraient permis d’accéder à un auditoire plus large, m’enfin avec tous ses sms, quelle pauvreté intellectuelle, c’est comme utiliser 2 vitesses alors qu’on en a 5 si je puis me permettre cette familiarité.
– Professeur Vandebrooke : Mon ami à votre regard ou il manque une lueur d’intelligence devenue si rare de nos jours, je sens que nous serons raillés par les gens comme vous, à l’esprit déformés par l’octet et le raisonnement pris dans le carcan de la logique binaire … Mais fichtre, voyez vous dans ce buffet quelques cacahuètes et noix de cajou ? Non ! comme le cocktail, la réflexion nécessite le haut de gamme, la crevette du chili, le foie gras du perigord, le caviar de la baltique (quoi que celui ci me paraisse un peu salé slurp …).
– Professeur Vandebruges: mon ami, le monde est dicté par la suffisance, la médiocrité et le dictat de l octet, on ne respecte plus le mot, on érige le bit en maitre, tenez ce buffet est ce que ce n’est qu’antagonisme sel/sucre, gras/maigre, aigre/doux, non c’est plus complexe que ça, goutez donc ce consommé de congre, slurp slurp, c’est une alliance de saveurs, une combinaison de briques culinaires, une structuration de couches alimentaires, ca vous étonne bien sur mais je vois que votre regard s’illumine, ca ne vous avait traversé l esprit bien sur, vous êtes comme la majorité, le glouton du mot, alors qu’ici nous sommes des maitres queue du quoi du comment et du qui.
– Professeur Vandebrooke : Mon ami, le curly est au buffet ce que l’onomatopée est au langage structuré ! Vous pouvez à loisir vous repaitre dans le Marc Levy comme d’autres se goinfrent dans la restauration rapide de monsieur Mac Donald ! La médiocrité envahira votre esprit de façon aussi certaines que le cholesterol bouchera vos artères ! EN tout cas cela ne nous arrivera pas avec ce petit carpaccio de saumon des fjords de Norvège parfumé aux citrons de Menton, slurp !
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L endroit
La prochaine fois tu iras à Anvers juste pour découvrir l’endroit euh euh euh …
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Mon ami Francis
(à la table d’un restaurant)
– Serveur : Alors msieurs dame, tout va bien
– M : c’est parfait, le Potjevleesch était succulent. Dommage que la cuisine soit fermée on aurait bien gouté au Waterzoi avec des mitraillettes mais bon je prendrais bien une autre bière. Hum hum, tiens la “Bouche”, ah non je crois que ça se prononce “Buche”
Serveur : c’est exact monsieur c’est bien la bush. Et pour ce msieur dame.
– N : je reprendrais bien une triple mais juste la moitié.
Serveur : et pour madame, encore des fraises ?
– S : j’hésite entre la Tarte al d’jote et la gosette aux pommes et ses speculoos.
– Serveur : je vous conseille les fraises chaudes au poivre vert et je vous mets une bombonne avec.
– S : va pour les fraises
– Serveur : s’il vous plait !
– M : ce restaurant est vraiment excellent et le personnel charmant. Dommage qu’on y mange qu’une fois. La hate levée avec le jet de houblons doit valoir le détour et la couque de Dinant comme désert ça promet. Hum. Tu disais quoi S. sur le compagnon ?
– S : ah ce compagnon il est vraiment sensass. Il te monte les blancs en neige en 8 minutes et la crème est délicieuse. Et puis il a des accessoires. Le fouet, j’adore. Le compagnon il est bien solide quand on le compare avec la concurrence. Et puis il revient moins cher que le thermomix. Et il ne se trouve en dehors des cercles privés. Je suis sur que A. apprécierait.
– M : euh oui certainement. Ah A, elle n’aime pas venir quand je pars en déplacement. Je ne comprends pas toujours pourquoi. Pourtant tiens, ça nous permettrait de voir des cousins. A Strasbourg, on a un cousin. Le cousin Francis. Ah Francis comment ? (réfléchit en trempant ses lèvres dans la bush) , ah Francis Aulme !
– S : (hihihihihihihi)
– M : non ça doit pas être ça, pas Francis Aulme, mais c’est un nom comme ça.
– N : ah ben on comprend pourquoi elle ne veut pas venir.
– S et M : (hihihiouhouhouhouhHAHAHAHAHAHA)
– Serveur : ah je vois qu’on s’amuse bien à cette table. Tenez, je vous laisse la bombonne de crème chantilly. Tenez vous appuyez là et ça part là. S’il vous plait !
2014 – mai : Mons ( et merveilles) 3ème partie : le verbe dans le verre et le vert dans le verbe
On a beau être première dame, faire le beau ne suffit pas pour entrer au banquet d’un colloque. A l’entrée il faut son carton faute de quoi c’est le four et par ici la sortie. Et au lieu de taper la causette autour de petits fours c’est retour à l’hôtel ou taper le carton ailleurs. Par chance j’ai en main un précieux sésame : un carton au nom de ….. Epiphanie.
Je dois dire que trouver une autre Epiphanie (qui ne vient pas) pour se présenter comme Mr Epiphanie Patrailongo, la couverture est parfaite. Passé l’accueil, c’est comme plonger dans la fosse d’un concert de rock à l’entracte. C’est une foule d’inconnus qui parlent en même temps d’un même sujet mais sans concertation. Pourtant un banquet de colloque n’a rien à voir avec une discussion de collocs vautrés dans une banquette. Les mots fusent, certains même décollent mais ne tombent pas à plat. Il faudrait être attentif sous peine d’attraper au vol des conversations et de risquer une remarque à l’emporte pièce. Mais le brouhaha est tel qu’en fait la seule chose que les premières dames puissent attraper au vol, c’est l’assiette des canapés taillés à l’emporte pièce.
La salle quoique fort bruyante a du cachet. C’est une ancienne usine à charbon du nom de « pass ». Mais ce n’est plus un lieu pour broyer du noir mais une enceinte propice à des discussions fumeuses. Après une ou deux coupes de mousseux et 5/6 conversations donc je ne saisis qu’un mot sur 3 ce qui je pense ne rende pas le propos moins clair qu’avec tous les mots au complet, on descend d’un cran. Pas d’un point de vue intellectuel mais d’un point de vue spatial.
La salle à manger se trouve au sous sol, avec des grandes tables de 8 entourés de pierres et d’acier. Des murs sans fenêtres avec un plafond duquel tombent des énormes cônes. On dirait des silos mais à l’envers ou alors des stalactites toutes identiques construites par des architectes. Je dois dire que si l’on considère les lieux qui ne ressemblent à rien de bien connu, on peut se dire que les choses prennent un tout autre sens quand on les prend à l’envers. Même au fond de cet ancienne réserve, je ne touche le fond. C’est même plutôt agréable pour la première dame.
Même le sportif de haut niveau se repose. Passé 23h, le chercheur ne cherche plus, même plus ses mots, il se trémousse, il dandine, il danse. On aurait tort d’oublier que sous le crane il y a des jambes.
2014 – Mai : Mons ( et merveilles) 2ème partie : De la recherche à l’action à la recherche
Au cas où vous ne le sauriez pas, dans un colloque AIPU, il y a un thème, des intervenants et un agenda.
Dans le fascicule remis avec une séduisante sacoche grise griffée AIPU, on peut lire que Mme Epiphanie Patrailongo et Lockmickael LochNess interviennent le premier jour. Ca commence donc fort et sous les meilleures hospices (bien que les lieux ne ressemblent pas à un cloitre).
Connaitre la dame, le lieu et l’heure c’est bien mais l’endroit ne se devine pas même en lisant l’agenda dans ses grandes lignes ou entre les lignes. Il faut passer par l’accueil.
Mr Epiphanie Patrailongo avait suivi in extrémis la dernière prestation d’Ephiphanie à Trois Rivières au Québec deux ans plus tôt. Mais il s’en était fallu d’un rien que l’intervention soit manquée. Car le jour précédent l’intervention, dans un costume pourtant taillé pour l’occasion, il avait pris une veste à l’accueil de l’AIPU 2012.
– (accueil AIPU 2012) : Bonjour tu vas bien ?
– ( boulotteur sans accréditation (badge + sacoche + gobelet verseur)) : Bonjour Madame, j’ai rendez vous avec ma dame.
– (Accueil) : Ton nom ?
– (FL) : Mr Firmin Lopin.
– (Accueil) : Ah non je ne t’ai pas sur ma liste ! Bienvenue !
S’il est normal de se faire bouler sans accréditations en tentant de boulotter avec une dame entre deux séances de boulot, c’est en gobant mes goberges à l’hôtel, que je me suis dis que pour être crédible, il ne fallait pas mentir. Plutôt que de gamberger pour inventer des salades, sans vraiment bachoter, je prenais quelques informations sur le sujet. Certes après une soirée entre universitaire on finit par attraper quelques mots de vocabulaire mais de là à en faire une phrase sociologiquement cohérente, non mais ça devrait suffire pour passer l’accueil. A l’attention des sociologues en herbe, qu’ils ne se méprennent pas : attraper quelques mots au vol, comprendre même des bribes de phrases, ne suffit pas à structurer un raisonnement sociologique.
– (accueil AIPU 2012) : bonjour tu vas bien ?
– (Firmin Lopin, 2ème tentative) : Bonjour, je m’appelle Mr Epiphanie Patrailongo et je viens voir ma femme dans une démarche de recherche sur un questionnement éducatif.
-(accueil) : Payetringlongueone, vouis j’ai ce nom sur ma liste.
– (FL) : vous voulez mon passeport ? (euh euh euh, passeport tout à fait en règle !)
– (accueil) : ça ira, présentes toi à la porte H. 2ème étage. Bienvenue !
Et j’étais parvenu à entrer pour assister à la fin de sa conférence.
Au colloque de Mons, je décide d’utiliser la même démarche.
– (Mr Epiphanie) : Bonjour, je cherche la salle de la conférence de Mme Epiphanie Patrailongo pour suivre ma femme.
– (accueil AIPU de Mons 2014) Bonjour, voui (regard de pied en cape à la recherche d’un badge, d’une magnifique sacoche siglée AIPU ou d’un bock capable de maintenir un café chaud tellement longtemps qu’on peut se bruler à 14h avec le café de 9h ! ), je regarde mon registre (slurp slurp, doigt humecté, première page), non professeur Vandebrook, pas ça, docteur Vandepute, maitre VandeBruges c’est pas ça (pages qui se tournent), ah non je n’ai personne de ce nom là, une fois !
– (Mr E.) : C’est ma femme qui présente, je suis sur qu’elle est là puisque je suis là et j’aimerais bien suivre sa conférence.
-(accueil 2014) (doigt humecté, pages qui se tournent -), eh dis donc Yacinthe, (à l’oreille de son collègue) psssi pssssi, …. le monsieur, c’est sa dame , pssi pssi
-( Mr E.) : c’est à 14h
– (accueil, regard noir) ben oui mais je ne vois rien, tiens (tendant le registre à Yacinthe) tu vois queckchose ?
– (Yacinthe lui tend un autre registre) : attend faut regarder la d’dans, c’est arrivé ce matin.
– (Accueil fumée qui sort par une oreille) : ah ben d’accord, déjà un erratum et on n’est que le deuxième jour, on me dit jamais rien à moi, c’est comment vous dites son nom déjà ? Mme VehiculoLongo et Mr EliotNess ?
-( MS) : Patrailongo et elle présente avec Mr Loch Ness
– (doigts humectés) attendez attendez, oui ça y est je vois , Mme Epiphanie Patrailongo et Mr Lockmickael Loch Ness, salle C3, c’est simple, c’est par là une fois et vous tournez deux fois, une fois !
La salle C3 (C comme çalle) n’est pas en briques rouges comme de coutumes mais en parpaings gris brut. Est ce une facétie artistique de l’architecte (pas au courant des coutumes locales) ou le budget construction qui a tourné court suite à des dépassements casse croute, toujours est il que c’est bien là. Dans la salle, il y a un écran LCD et à coté un maitre de cérémonie, qui lui n’a sans doute jamais pris de LSD. La salle est ensoleillée et le maitre n’est pas né de la dernière pluie.
Le maitre est content d’être là devant ces tables en enfilade et ces chaises peu confortables garnies de conférenciers. Je me glisse discrètement à une place au fond sur une chaise inconfortable mais hors de portée de la vue périphérique du maitre. Le maitre me fait penser à mon prof de math en math sup, tous sourires aussi mais lui aurait repéré tout de suite l’intrus dans sa classe. Ce prof de math avait une barbichette au cordeau façon Trifon Tournesol , un costume gris, une cravate sombre (cravate repliée à l intérieur de la chemise pour éviter de la tacher avec de la craie !) et une boite de craies neuves dans la pochette gauche de sa chemise. Les boites de craies neuves étant consciencieusement rangées dans le premier tiroir avec la règle et le rapporteur en bois. Ce professeur avait une déconcertante facilité à enquiller sans sourciller les démonstrations en utilisant tous les tableaux mis à sa disposition.
– (Prof de math – sur le premier tableau) : d’après le théorème de la convergence uniforme de Dirichelet. (cruic cruic bruits de la craie) on simplifie l’énoncé, si je prends la dérivé seconde, bon là vous aurez reconnu le corollaire du phénomène de Gibbs, je pose l’équation sous sa forme différentielle (cruic cruic zzzzziiiii), il devient évident qu’on fait apparaitre la série de Fourrier (deuxième tableau, cruic cruic , clac – craie qui casse, zzzziii, zzzzziiii, cruic) et là plus besoin d’aller plus loin pour obtenir notre résultat (nouvelle craie et troisième tableau). (Perplexité pour les uns, admiration pour les autres) Bien sur, si ça vous amuse vous pourrez utiliser l’autre méthode dite de Hilbert qui consiste à placer nos hypothèses, (cruic) là et (cruic) là, dans une matrice à n dimensions, projeté dans l’espace préhilbertien, et la aussi le résultat est évident et je n’ai utilisé dans cette méthode que 2 craies (euh euh euh). Je vous laisse trouver la troisième méthode, vous avez 1h30 mn (bong !).
Mais le maitre de cérémonie est plutôt un maitre de thèse ou un professeur d’université agrégé depuis longtemps. Recroquevillé sur ma chaise comme une moule, je n’ai pas plus la frite surtout que ce n’est pas de la petite bière. Je me fais discret. C’est quand l’oiseau de haut vol présente l’agenda de la séance que je comprends que ca va planer haut.
La première intervenante est bien enthousiaste et son intervention se présente sous la forme d’une question somme toute intéressante qu’elle se propose de répondre à la fin. De ce que je comprends il s’agit de savoir dans quels cas utiliser la recherche fondamentale et dans quels cas la recherche appliquée et que cette question s’est posée à l’école ou elle enseigne.
– voui (clic clic – souris pour faire défiler ses animations), reprenons la définition de …, ce qui nous amène, …
Bon malgré l’absence d’une dérivé seconde et d’une bonne intégrale triple, la démonstration semble se défendre. Le maitre concentré et détendu garde un œil vigilant sur le chronomètre. A coté de moi, plus raides sur leurs chaises, Mme Epiphanie Patrailongo et Mr Lockmickael LochNess sont confiants et suivent la présentation tranquillement. On les dirait sereins et prêts pour une présentation de haut vol. En tout cas, nullement embrouillés dans les champs d’applications de la recherche appliquée aux fondamentaux de la recherche fondamentale.
Le maitre regarde son chrono fait un petit signe discret à l intervenante pour lui signaler que maintenant c’est une séance de questions.
« Si vous avez des questions ? ». Parfois on se demande si ce n’est un jury de patinage qui donne des notes. C’est la Tunisie qui prend la parole puis le Québec et la Belgique :
– (Belgique) voui alors chère collègue j’ai bien compris la démonstration et ce qui me semble fondamental et fascinant c’est que cette démonstration s’applique à cette recherche, une fois. Et je me risque euh euh euh à cette question un peu triviale, est ce que cette recherche s’applique à la recherche mais de manière fondamentale ?
Je ressens que Epiphanie et Lockmickael connaissent la réponse (psssi psssi psssi) mais n’en font rien.
Bon dans cette première intervention, c’est la tunisie qui a ouvert le bal, c’est au tour de la France d’entrer dans la danse. “De la recherche à l’action …. à la recherche”. Derrière le titre de cette conférence qui pourrait faire penser à l’esprit simple qu’on s’apprête à tourner en rond, il y a un vrai show.
Si on poursuit l’analogie du patinage, on va dire que les deux, Mme Epiphanie Patrailongo et Mr Lockmickael LochNess ont patiné toute leur vie ensemble. En fait ca ne patine pas vraiment, ça démarre très vite, ça glisse, c’est fluide, ça virevolte, pas d’à-coups. Le maitre ne reste pas de glace devant ces deux patineurs du mot. Le discours est clair, précis, sans hésitation et emballant. Ce n’est pas le style du maitre de se mettre à faire la holla à chaque ponctuation mais on le voit opiner du chef se délecter et être embarqué par un certain enthousiasme. Le duo est bien rodé, les phrases s’enchainent, ça s’emboite bien, quelques traits d’humour sont ajoutés et clic clic clic les diapos s’enrichissent, il a des boites qui tombent des flèches qui traversent. Coté diaporama on est dans l’oeuvre d’art, le genre tableau qui se dessine sous nos yeux.
– (le maitre) : bien bien, on termine exactement dans les temps et les questions se promettent d être passionnantes !.
Et pour le jeux des questions, le duo s’en tire facile.
(à la question du belge) : vouis tres cher confrere, c’est une excellent question. Notre méthode n’est pas infaillible et à intervalles fixes, on repasse de l’action à la recherche suivant 3 axes et de le a recherche à l’action avec 3 leviers.
(à la question suisse) : j’ai noté 3 points dans votre question, très cher confrère …. et un jour un ministre nous a posé cette même question sur le retour de notre action et je ne lui ai pas répondu par une étude en 3 volets et 20 axes mais par un étude statistique basée sur des questionnaires annuels. On ne l’a pas attendu pour se poser les bonnes questions. … et si vous me permettez, je vois euh euh euh une quatrième question …
Le maitre de cérémonie est aux anges.
– Ah je vois que ce débat vous inspire, mais malheureusement on n’a que 30 mn mais je suis sur que vous allez poursuivre ces fascinantes discussions autour des nombreux rendez qui nous restent encore et mes chers confrères il s’agira de passer à l’action sur cette recherche (euh euh euh) de Mme Epiphanie Patrailongo et Mr Lockmichael LockNess.
Le maitre de cérémonie est joyeux.
– Voui, mes chers confrères, je vois que cette intervention ouvre pleins de débats fascinants. Et maintenant nous allons accueillir un groupe de travail international formé de 11 thésards qui se sont enfermés pendant 4 ans dans une maison loin du tumulte afin de réfléchir sur l’enrichissement mutuel appliqué à la méthodologie de la thèse.
– (deux rescapés) : Bonjour mes chers confrères, nous allons bien, nous travaillons 17 heures par jour à discuter et nous profitons des séances de vie collective (vaisselle) à faire murir nos concepts puis nous avons des séances d’hypnoses pendant le sommeil. Nous allons bien, nous finissons notre première séance de 4 ans et après nous pourrons commencer notre thèse. Tout le monde va bien, tout va bien.
Après le triomphe des deux patineurs de l’action, la suite quoique fort intéressante avec les deux échappés du cloitre du coup est moins enthousiasmante. A un moment donné, je me demande s’il n’y a pas de fautes sur les transparents. En fait non, c’est simplement des mots de vocabulaire que je ne connais pas.
2014 – Mai : Mons ( et merveilles) 1ère partie : la première dame
Retourner en Belgique une deuxième fois peut faire sourire une fois !.
Quand on est capable de manquer en transit un avion à Bruxelles, aller à Mons c’est comme gravir une montagne dans le plat pays, ce n’est pas évident. Mais l’idée d’être colloc à un colloque AIPU est séduisante. Sauf qu’il ne s’agit pas de faire la moule à Mons.
Un colloque AIPU (Association internationale de pédagogie universitaire) n’est pas un workshop encore moins un meeting. Il y a un thème (pas évident au premier abord) : Pédagogie universitaire: entre recherche et enseignement.
S’il en est qui pensent encore qu’on peut mélanger 4 mots tirés de l’enseignement pour en faire un titre de colloque, je les invite à lire attentivement (euh euh euh) le sous titre du colloque 2014: “Cette manifestation scientifique sera l’occasion de poursuivre la démarche de questionnement entreprise à Trois-Rivières lors de la 27ème édition du congrès AIPU. La thématique générale de ce prochain Congrès porte sur l’enseignement supérieur comme lieu de rencontre entre l’enseignement et la recherche, sans occulter sa mission de Service à la Société. Les questionnements découlant de cette thématique générale sont décrits dans la note de cadrage.”
C’est parfaitement clair (euh euh euh) que si on poursuit sa démarche de recherche vers un questionnement cadré de sa thématique, on est naturellement et scientifiquement conduit au lieu de rencontre entre enseignement et société où la note générale découle de la thématique et réciproquement.
C’est donc bouillonnant de ces passionnantes questions dans la perspective de trouver les réponses pertinentes que logiquement j’accompagnais Mme Epiphanie Patrailongo de Trois Rivières à un Mons.
Mais un colloque ne s’envisage pas comme un workshop entre informaticiens. On peut tolérer l’alias, admettre la compilation et valider le code mais pour un colloque entre gens de lettres, pas de raccourcis avec les mots.
L’approche est donc différente.
Quand on veut être un monsieur, il s’agit d’être une première dame convenable. Oui, messieurs dames au XXe siècle, il n’était pas rare d’appeler la femme d’un homme illustre par l’appellation Mme Charles … ou Mme Claude … Par exemple la femme du président s’appelait Mme Charles de Gaulle.
Quid au XXIe ?
D’abord à ce colloque on ne compte plus le nombre de présidents et de professeurs, ce serait une faute de gout de manquer de manière et d’élégance. Se comporter comme le premier venu serait mal vu. Et de plus Mme Epiphanie Patrailongo s’est illustrée dans sa thèse sur un bout de Lopin alors la voir s’afficher avec un gars Lopin serait mal reçu.
Bref, rien de plus logique qu’au long des colloques de Madame Epiphanie Patrailongo, Mr Firmin Lopin devienne Monsieur Epiphanie Patrailongo ou en plus court, la 1ere dame de la dame.
Par la terre, atteindre la Belgique est aisé : pas obstacle pour atteindre l’autoroute de Wallonie vers Mons. Mais si le pays est plat, la route est loin d’être lisse. Si les maisons sont en briques rouges, la route est en nids de poule. La sortie pour Mons est la 26, la meilleure pour atteindre le XIX. Sauf qu’elle est fermée. Par la 25 via deux villes en briques on atteint aussi le XIX.
Le XIX est un hôtel de charme qui s’est construit à partir d’une vieille bâtisse. On apprécie le pittoresque des escaliers raides, ses couloirs à bosses, ses chambres à la hauteur aléatoire, ses fenêtres qui ressemblent à des portes fenêtres sans garde fous. Mais des fous il n’y en a pas. Le personnel de l’hôtel est réellement charmant et hospitalier. Et il y a des tireuses de bière.
A l’hôtel du XIX, inutile de répéter les manières du XXI. Mr Epiphanie Patrailongo a déjà porté le costume de première dame et il ne va pas se dérober même s’il prend une veste. Pour sa conférence, madame Epiphanie Patrailongo est accompagnée d’un chauffeur (Firmin Lopin dit son gars lopin) et de l’illustre Lokmikael LochNess, diplomé de l’université de Crozon, membre honoraire à Watt et Ré spécialiste en macro économie des sciences politiques de l’éducation universitaire et technique.
2001 – Bréviaire informatique : la méthodologie ou comment choisir entre la peste et le choléra
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#1 – proverbe
Un développeur informatique en parlant de la méthode de codage choisie par un autre développeur ……
– Ce n’est pas l’arbre qui cache la forêt, c’est un train qui en cache un autre.
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#2 – rusé
un testeur vient voir un codeur.
– Ta méthode, elle ne marche pas chez moi !
– A mon avis, faut (sous entendu “tu dois”) être plus rusé que ça !
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# 3 – vision papier
Un développeur informatique en parlant des spécifications proposées par un collègue architecte ……
– Il a une vision papier des choses stu veux !
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# 4 – tire au flan
Un codeur commente la remarque d’un autre codeur sur ce qu’il ne veut pas faire
– T’es qu’un tire au flanc mon petit ami ! La preuve, la dernière fois comme gateau, t’as fait un truc au flan !
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# 5 – CPE = Conception Porcasse d’Etudiant
Au cours d’une revue de specification, l’auteur de la specification est au bout du fil, d’autres “experts” sont réunis dans une salle.
– Expert: Dans ta spec, je ne comprend pas a quoi sert le dernier onglet. Il y a une liste et un bouton …
– Grouillot : oui oui .. mais bla bla bla ( il se lance dans une explication fumeuse de 10mn)
– Expert : d’accord mais autant repartir les 3 boutons dans les autres panels comme c’est fait dans le reste des GUI du produit.
– Grouillot: oui oui …. mais bla bla ( il ressort quasiment la meme explication pendant 10 mn)
Expert (legerement excédé): Mais on n’a pas fait comme ça pour tout le reste ! ça ne sert a rien de faire comme ça et en plus on peut le faire avec la gestion des rapports …
– Grouillot: oui oui mais …. (et c’est reparti pour la meme explication)
– Expert (begayant a cause d’une exasperation mal contenue ) : bon on n’est pas d’accord sur ce point ! JFT tranchera. Moi ce que je dis c’est que si ça reste comme ça, ça ne fait pas pro. C’est une interface d’etudiant ça et meme d’etudiant de premiere annee !
– grouillot : gloups !
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# 6 – fromage à la RAP
– Tu vas en RAP ?
– Non !
– ……………
– Tu vas pas me faire tout un fromage si je ne vais pas en RAP.
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# 7
Un codeur explique sa methode à un autre codeur …….
– Tu peux utiliser ma méthode stu veux !
– Oui mais je ne l’aime pas ta méthode !
– Elle est pourtant simple. Stu veux. Elle t’irait bien !
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# 8
Un codeur explique sa methode à un autre codeur …….
– Avec ma méthode, t’as pas besoin, stu veux de débouchonner ton code !
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# 9
– Tiens c’est pour toi, toi qu’est expert en tout et bon en rien !
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# 10 – Ou la la !Un chef dans une équipe où il y a de chefs que de codeurs passe la tête par la porte du bureau.
Un développeur à un chef.– Développeur : il est où X ?
– Chef : il est en réunion avec mon équipe ? Je ne vois pas à quoi je sers là !
– D : tu crois pas que tu devrais te mettre au codage ?
– C : pourquoi tu dis ça ?
– D : on a peut être plus besoin de codeur que de rédacteur de planning, Il en a assez ici non ? tu crois pas ?
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# 11 – ramière
Un développeur affectueusement à propos de son collègue.
– La personne était un peu ramière.
############################################################################### 12 – furtif
Un développeur à son collègue qui lui expose une explication fumeuse
– Tu fais preuve d’une finesse furtive !
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# 13 – pointeur fou
Un développeur à un autre à propos d’un problème de codage informatique.
– F : J’ai un pointeur fou
– B : C’est normal quand on code mal !
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# 14
Un développeur à son chef à propos de la recherche d’un bug.
– On est comme le chat qui cherche sous le lampadaire. On cherche là où on voit clair !
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