2005 – Moonraker (1979) de Lewis Gilbert

Commentaires article et extraits

Moonraker est un James Bond qui a marqué son époque dans le grandiose et la surenchère. Dans la continuité de “l’espion qui m’aimait” il en reprend plusieurs ingrédients : la réalisation de Lewis Gilbert, le méchant séduisant et mégalo (le français Michel Lonsdale), les gadgets dernier cri, les balades dans tous les coins du globe, les décors somptueux et originaux de Ken Adam, le retour de Jaws et l’humour décontracté de Roger Moore. Et le tout enrobé de la musique de John Barry qui fait son retour.

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Retour de la légende …. dans la démesure.

Le film essaye aussi de s’immiscer dans le créneau des batailles laser dans l’espace (initiées par star war).

Bataille laser sauce Bond

Pourtant malgré la musique de John Barry, des gadgets étonnants et farfelus (la gondole à moteur et à roues), des décors grandioses (cascades, montagnes, chateau, station spaciale), l’histoire semble être un collage de scènes toutes plus spectaculaires les unes que les autres mais sans logique évidente et implacable.

La gondole à moteur et à roue.

Pour aller plus loin l’excellent article de DVD classic.

Malgré les défauts de l’histoire, il reste donc de belles scènes disparates, un best of de Bond dont voici plusieurs extraits.

Le pré-générique toujours spectaculaire (qui fait peu être référence à celui de l’espion qui m’aimait qui est un modèle du genre).

Apparition de Bond et retour de Jaws personnage plébiscité des spectateurs.

Première rencontre de Bond et Drax. Bond rencontre Corinne et le Docteur Goodhead (personnage qui comme “Triple X” dans “l’espion qui m’aimait” est une femme “à la hauteur de Bond”).

La scène de la centrifugeuse.

La scène du carnaval de Rio spectaculaire.

La poursuite en hors bord dans les cascades.

La poursuite en gondole.

La découverte de la base de lancement.

La découverte du laboratoire de fabrication de virus.

La bataille dans la fabrique de verre.

Bond et Dr Goodhead.

2016 – 007

 

  • Un classique un genre une série, un évènement

James Bond 007 est d’abord un film en 1962 qui fort de son succès donna lieu à une suite puis une autre et une autre.
Imité, copié, parodié un film de James Bond est devenu un genre, mélange d’action avec une dose de classe et d’humour.
A la fin d’un James Bond, le spectateur sait que James Bond reviendra dans un nouvel épisode mais il peut s’écouler un an comme 6 ou 7.
Du fait de l’attente de plusieurs années, la surenchère de superlatifs, la sortie d’un James Bond est un évènement.
Depuis 1962, le héros égrenne de nouvelles aventures et exploits ce qui en fait une des série de films les plus longues.

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2001 – 04 : Rien que pour vos yeux de John Glen (1981)

Commentaires et extraits

Situé en plein dans les années 80 (exit les gadgets et la musique de John Barry) avec Roger Moore toujours très détendu dans son rôle, “Rien que pour vos yeux” est un James Bond qui est globalement assez moyen mais qui offre son lot de grandes scènes (réputation oblige).

Roger Moore Carole Bouquet et John Glen à la mise en scène.

Bien sur, quand on est collectionneur et (ou) nostalgique (premier James Bond vu au cinéma), il y a toujours son lot de choses intéressantes : la technique de l’époque (les voitures, ordinateurs), les looks (Bond reste toujours classe), le son disco exécrable, les passages de carte postale, Carole Bouquet en James Bond Girl et le cocktail archi-connu mais apprécié de voyages dans des lieux magnifiques où alternent scènes d’action, glamour et enquêtes.

Un très intéressant, complet et documenté article de DVD classique pour aller plus loin dans l’analyse.

Mais revoyons quelques scènes intéressantes.

Le pré-générique toujours indispensable pour rentrer dans l’action est ici très différent de l’habitude : il y a de la nostalgie (référence à Blofeld, à la femme de James Bond et à “Au service secret de sa majesté”) et il est très déconnecté du reste de l’histoire principale. Comme si les auteurs voulaient rompre avec un certain passé (Blofeld et les méchants mégalos).

Les auteurs ont décidé de prendre le contre pied habituel (notamment le précédent film “Moonraker” où gadgets et technologie de pointe étaient omniprésents). Exit la voiture à gadgets. Ici c’est la deux chevaux Citroën conduite (forcément au bout d’un moment) par Bond.

Poursuite (dont je garde un bon souvenir au cinéma) avec son lot d’actions et d’humour.

Une suite de scènes de carte postale qui ne font pas forcément avancer l’histoire.

Une bataille dans un bateau avec les méchants de service : sous une apparente décontraction des personnages, si on regarde bien, il y a pas mal de morts : la licence de tuer de Bond et le genre (films d’espionnage) autorisent (justifient ?) ce genre de meurtres à la chaine.

Une scène qui tranche un peu avec le ton nonchalant : Bond est plus dur et execute le tueur à lunette avec un brin de cruauté.

Un autre passage glamour avec Bond et Melina : le cocktail habituel de glamour et d’action.

Bond et Melina échappent à Krystatos. Ici un méchant en chasse un autre si l’on peu dire et le méchant principal se révèle peu à peu. On rompt avec le schéma classique des Bonds précédents ou personnage méchant (et séduisant) est dévoilé dès le début du film.

Une grande scène de cascade assez spectaculaire. Dans les documentaires de ” l’époque”, on apprend qu’à l’habitude les cascades des Bond étaient réalisées sans trucages numériques.

1988 – (pour aller plus loin ) James Bond contre docteur No

Très documenté article de Julien Léonard 2012

Moteur… Action !

 

Si ce n’est une adaptation télévisuelle sans grand intérêt de Casino Royale produite en 1954, et où l’on peut admirer Peter Lorre dans le rôle du Chiffre (5), James Bond n’intéresse pas outre mesure le milieu du cinéma. En 1959 toutefois, à la suite d’une mauvaise passade avec Kevin McClory (6), Fleming tente d’approcher Alfred Hitchcock pour lui vendre les droits de son personnage. Mais ces droits seront acquis par Harry Saltzman qui, voyant Albert R. Broccoli désirant ardemment lui racheter ces droits, décide de s’associer avec lui. Ils vont alors créer deux sociétés, Danjaq (7) et EON Productions (8). Rapidement, leur choix se porte sur l’adaptation d’Opération Tonnerre. Mais suite aux problèmes de droits rencontrés, ils portent finalement leur dévolu sur Dr. No. Il leur faut alors se donner les moyens de porter à l’écran ce premier film qui devra absolument décider de l’avenir du personnage au cinéma.

 

La plus importante difficulté fut de choisir l’acteur. Et sur cette question en particulier, la légende a fourni les histoires les plus cocasses. Disons simplement que, parmi les interprètes envisagés, Roger Moore et Patrick MacGoohan furent deux des noms prononcés les plus illustres. Mais le premier, sur le point de connaître un triomphe à la télévision dans le rôle de Simon Templar (Le Saint), est parait-il considéré comme trop jeune. Quant au deuxième, il refuse catégoriquement le rôle. Cary Grant est aussi évoqué, mais de façon très éphémère. Un acteur presque inconnu obtiendra finalement le rôle tant convoité : Sean Connery. Fils de routier, disposant d’un tempérament mal dégrossi, écossais et doté d’un fort accent de surcroit, l’acteur n’est pourtant pas vraiment prédisposé à interpréter le très élégant James Bond. Soutenu par l’enthousiasme de sa femme, Broccoli opère néanmoins rapidement ce choix, avec l’aval de Saltzman. « C’est comme demander à un petit garçon qui adore les voitures si il voulait qu’on lui offre une Jaguar. Lorsqu’on m’a proposé de jouer Bond, je n’ai pas dormi pendant des jours ! » (9) déclara Connery alors très heureux de faire partie intégrante et primordiale de l’aventure.

 

Refusé par plusieurs studios, le projet de Saltzman et Broccoli trouve finalement une réponse positive chez la United Artists. Le 20 juin 1961, le studio donne son accord pour commencer la préparation du film, ainsi qu’une enveloppe budgétaire assez limitée de 1,2 million de dollars. (10) Vétéran de la série B solidement emballée, Terence Young est désigné pour réaliser le film et commence alors à encadrer Sean Connery. Il fait de lui James Bond en travaillant ses attitudes, en discutant ses objectifs, en l’habillant et en le conseillant sur les manières à adopter. Le Bond de Connery est de fait presque autant la création de l’acteur que celle de son metteur en scène, ce dernier étant très investi dans la préparation de l’ensemble. Il apparait nettement que Young eut une grande importance dans le processus de création de l’identité de la saga telle qu’on la conçoit encore aujourd’hui, et avant tout sur le personnage lui-même. Il a beaucoup influencé Connery par son goût pour les bonnes choses, son éducation vis-à-vis de tout ce qui touche à l’élégance en général, ainsi que par une certaine notion du raffinement. Sa mise en scène dénuée de touche personnelle (tout sauf une création d’auteur à proprement parler) et sa redoutable approche débrouillarde du métier par des trucs et astuces très efficaces lors des tournages, lui ont permis de dominer la réalisation de Dr. No avec une très grande aisance. Dire qu’il était le metteur en scène rêvé pour lancer la saga relève de l’euphémisme. En bref, scénario écrit et équipes préparées, le tournage peut commencer le 16 janvier 1962 en Jamaïque, pour se terminer en Angleterre 58 jours plus tard, dans les studios de Pinewood. (11)

1988 – (Pour aller plus loin) James Bond Contre Docteur No : Au commencement fut le Bond…

Très Bon article Par Julien Léonard – le 26 octobre 2012

Au commencement fut le Bond…

 

Le début des années 1960. Le monde est en effervescence et vit les heures les plus invraisemblables de la guerre froide. John Fitzgerald Kennedy s’installe à la Maison Blanche, Charles De Gaulle vient d’accéder à L’Elysée. Le monde est divisé en deux, le bloc communiste est plus fort que jamais, le bloc capitaliste prêt à en découdre au moindre doute. Les guerres s’enchainent, en faveur d’un régime ou d’un autre, afin de provoquer l’adversaire. Le bourbier vietnamien n’est plus très loin, ce n’est qu’une question de temps. Du 16 au 28 octobre 1962, la crise des missiles de Cuba fait trembler la planète. Au bord de la guerre nucléaire, le monde retient son souffle. Parallèlement, la culture populaire embrase les populations à l’Ouest, et l’évolution des mœurs démontre une envie de changements. La révolution culturelle des années 1960 ne fait que commencer. En France, après l’obtention de la mise en place progressive de la mixité au sein de l’enseignement secondaire, les hommes perdent de plus en plus d’autorité sur les femmes. Plus d’égalité, plus de diversité, même si le chemin est encore long. Les Beatles arrivent en 1960 et font danser l’Angleterre, puis très bientôt la majorité des sociétés occidentales de l’Ouest. La “coolitude” envahit les ondes, les groupes musicaux jeunes se multiplient, la jeunesse s’arrache de plus en plus de l’étreinte parentale. Mai-1968 ne va plus tarder. Au cinéma par contre, les changements se font plus lents, excepté la Nouvelle Vague et autres mouvements indépendants désargentés. Autrement dit, le cinéma populaire, pour lequel le public se précipite dans les salles, ne bouge pas encore beaucoup. Le Hollywood des studios entretient continuellement son hégémonie sur le monde (tout au moins à l’Ouest), grâce à une production toujours d’une grande richesse, malgré les années passant. De fait, le terrain est plus que jamais fertile au changement, et celui-ci viendra encore une fois d’Europe, et plus précisément d’Angleterre. A la pointe musicale du moment, il fallait bien que son cinéma, transgressif et moderne, original et inspiré, vienne mettre un furieux coup de pied dans la fourmilière. Alors que la maison de production Hammer envahit déjà les salles depuis cette fameuse année 1957 et son très remarqué Frankenstein s’est échappé de Terence Fisher, créant ainsi un style et une mode, notamment très inattendue par le public français, deux producteurs indépendants presque inconnus vont lancer la saga cinématographique la plus durable et la plus populaire de tous les temps.

 

« En 62/63, qu’avions-nous comme choix au cinéma ? Un western, ou un Gabin, ou un peplum. (Ça ne m’empêchait pas d’adorer les films de Gabin, ainsi que les westerns). Mais Bond, c’était tellement excitant ! Et la musique de Barry ! Du punch, du dépaysement, un héros digne de ce nom, cela avait tout pour plaire ! » On peut trouver un tantinet grossière la présentation de Jean Marc Paland (1) concernant l’état du cinéma populaire de l’époque en France, on peut néanmoins lui donner raison. En 1962, Dr. No est sans équivalent au cinéma. Les nombreux films d’espionnage produits par Hollywood depuis les années 1930, sans oublier les productions françaises ayant tenté de s’immiscer dans le créneau, n’ont jamais déployé l’arsenal novateur et coloré annoncé par James Bond. Bien qu’influencé d’une manière ou d’une autre par le film noir américain, ainsi que par la notion générale de rythme chère au mécanisme hollywoodien (2), James Bond vient à la fois de nulle part et d’ailleurs. Un rogue dans l’univers du cinéma populaire, confluent de créations et de tempéraments les plus divers et affirmés.

 

Ian Fleming, tout d’abord, a créé le personnage en réussissant à publier son premier roman de James Bond en 1953 : Casino Royale. Succès d’édition que viendront rehausser 12 autres romans et une bonne poignée de nouvelles, jusqu’en 1965, année durant laquelle L’Homme au pistolet d’or sortira post-mortem. Les sources d’inspiration sont multiples, de son passé peu enthousiasmant d’assistant dans les services secrets britanniques à la littérature d’espionnage et d’aventure qu’il affectionne tout particulièrement. Bond, James Bond, est l’incarnation rêvée de Fleming, l’homme qu’il rêvait sans aucun doute d’être. De la littérature de gare, adorée par les uns, honnie par les autres, mais d’une fraicheur et d’une violence à couper le souffle. Le style, banal, emprunte néanmoins à la plume la plus sèche. Chez Fleming, les histoires sont complexes, l’action restreinte quoique très présente, et les humeurs variables. En effet, il n’est pas rare d’apprécier chez lui des moments brutaux et inédits, comme des plaisirs coupables passant par de longues tirades interminables à propos des sujets qui le passionnent. Ainsi, chez Fleming, prend-on le temps de s’arrêter, une fois sur l’art de vivre japonais, longuement étayé dans On ne vit que deux fois, ou le trafic de l’or dans Goldfinger, sans omettre les nombreuses parties de poker et de baccara que l’on croise régulièrement au cours des récits… Chez l’auteur rien ne presse, c’est là toute la saveur de sa très identifiable marque. Assez proche du Saint (le personnage anglais créé par Leslie Charteris), tout en étant plus violent et plus exotique encore, son personnage, le bien nommé James Bond (3), ressemble déjà en partie à ce qu’il sera sur grand écran, mais pas totalement non plus. « Le James Bond de Fleming est un dandy épicurien. Toujours impeccablement habillé, il aime les plaisirs raffinés, les restaurants confidentiels, les plats cuisinés selon ses indications, les tabacs mélangés conformément à ses recettes et, bien entendu, certaines femmes créées par la nature selon certaines normes. Il vit lentement, posément, confortablement. L’action brutale ne tient qu’une faible part dans son existence. Citoyen du monde, il est d’abord Londonien et, qui plus est, fonctionnaire. Il aime les clubs, il adore le bridge et, d’une façon générale, tous les jeux. » (4) Mais James Bond est tout aussi bien un être cruel, capable d’une grande violence, vis-à-vis des femmes ou des ennemis qui jalonnent son chemin. Peu fréquentable, il est en tout cas un aventurier de l’instant, préoccupé par le moment qui est le sien et non par l’ensemble d’une problématique. Il peut curieusement s’arrêter et profiter d’un instant agréable (une femme, mais aussi un repas, une boisson, un sujet… un plaisir), alors même que sa mission exige une toute autre attitude. Romans d’espionnage peut-être, mais romans simplifiés sûrement. La littérature de Fleming est sympathique; à défaut d’être exceptionnelle, et surtout agréable à parcourir; à défaut d’être essentielle. Il faudra en l’occurrence aux producteurs et créateurs de James Bond sur grand écran tout le génie qui est le leur pour en extraire l’intérêt, mais aussi l’affranchir de ses défauts, afin de le rendre meilleur et, disons-le, bien plus intéressant.