2022-01 : Michel Audiard (période 50-55) dialogue les aventures de George Masse

Mission à Tanger (1949), Méfiez vous des blondes (1950) et Massacre en dentelles sont trois films policiers assez médiocres mettant en scène les aventures de George Masse (Raymond Rouleau). Le scénario est bourré de poncifs et l’interprétation de Raymond Rouleau (ou son personnage) agace. George Masse en fait des tonnes. Mais ce qui sauve le journaliste aventurier avare de papiers (et d’efforts) c’est le verbe. Michel Audiard (alors à ces débuts) compense le manque d’ingéniosité de Masse par des coups de point sur les i. Avec sa plume il met dans la bouche des mots qui font mouche sans lesquels Georges Masse et ses aventures avec seraient définitivement oubliés.

George Masse (Raymond Rouleau) content de lui

Allez-y Franco mon Général !

(Dans le club, au bar, en jouant au 421 avec le Général)

Raymond Rouleau Mission à Tanger (1949), écrit par Michel Audiard

On ne gagne pas une guerre en ramassant les morts.

Raymond Rouleau Mission à Tanger (1949), écrit par Michel Audiard

Le Général espagnol : Je vous dispense de faire de l’esprit.

George Masse : Je vous dispense bien d’en avoir, moi !

Raymond Rouleau, Louis de Funes Mission à Tanger (1949), écrit par Michel Audiard

Si les femmes s’occupaient de savoir d’où vient l’argent qu’elles dépensent, les bijoutiers fermeraient boutique.

Thilda Thamar, Massacre en dentelles (1951), écrit par Michel Audiard

Moi, je trafique loyalement. Mes pièces d’or sont fausses, je les transporte dans des voitures dont les numéros sont faux, conduites par des types qui ont des faux papiers. C’est du boulot correct ! De la qualité d’avant-guerre !

Massacre en dentelles (1951), écrit par Michel Audiard

Georges Masse : Votre robe est ravissante…

Clara Cassidi : Oh, je m’habille à Paris.

Georges Masse : Ah ça, j’en étais sûr ! On ne trouve ça qu’aux Folies Bergères.

Raymond Rouleau, Tilda Thamar, Massacre en dentelles (1951), écrit par Michel Audiard

Georges Masse : Votre femme est exquise, Monsieur.

Alexandre Cassidi : C’est un avis très répandu. Peut-être finirai-je par m’y ranger.

Raymond Rouleau, Georges Chamarat, Massacre en dentelles (1951)

2022-01 : Michel Audiard (50-55) Poisson d’avril de Gilles Grangier (1954)

Poisson d’avril de Gilles Grangier (1954) est la première rencontre de Bourvil et De Funes (dans un petit rôle). L’histoire est assez simpliste : un homme droit (Bourvil qui campe un garagiste et père de famille honnête) qui se trouve embringué dans une histoire de (petit) mensonge le jour où il achète une canne à pêche plutôt qu’économiser pour une machine à laver. Sans les dialogues de Michel Audiard (Maurice Bireau Pierre Dux, Annie Cordy et De funes dans les seconds rôles) on serait dans le film bien plat. Mais sous la plume de Michel Audiard le film s’envole dans des joutes bien drôles. (4/5)

Bourvil – De Funes (première rencontre au cinéma)
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2022 – 01 : Michel Audiard (période 50 – 55) Gas-Oil (1955) De Gilles Grangier

Gas-oil (1955) de Gilles Grangier est un film “social” (très ancré dans la réalité de l’époque) : il raconte d’abord la vie d’un transporteur de marchandises. Il serait sans doute passé aux oubliettes sans la présence de Jean Gabin et Jeanne Moreau et sans les dialogues de Michel Audiard. L’histoire est aussi un polar : un butin qui échappe à des malfaiteurs dont Chappe (Gabin) est le témoin. Malgré l’ambiance de film noir, on ne peut que sourire devant les dialogues et la la gouaille des “petites” gens (Marcel Bozuffi, Robert Dalban, Marcel Bozuffi). Savant équilibre en policier, comédie et drame social. (4/5)

Jean Gabin Jeanne Moreau

Jean Chape : Autrefois les femmes tenaient la maison, repassaient le linge et briquaient les cuivres. Aujourd’hui elles votent et lisent la Série noire. Résultat…

Alice : Résultat ?…

Jean Chape : Résultat, au marché, ces dames se font refiler des pommes blettes !

Jean Gabin Jeanne Moreau écrit par Michel Audiard

Je suis beau, même dans le noir.

Jean Gabin écrit par Michel Audiard
Jean Gabin Marcel Bozzuffi (les chauffeurs)

N’oublie pas que c’est toi qui tiens le volant, mais c’est moi qui conduis.

Jean Gabin écrit par Michel Audiard
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2020-01 : Michel Audiard (période 50-55) Les trois mousquetaires

Michel Audiard s’attaque au film à costumes et taille à la bonne taille.

Parmi la quantité de dialogues que Michel Audiard a produit dans ces années 1950 à 1955, je retiendrais ceux des “Trois Mousquetaires” (1953) histoire archi connue. Cette version de 53 assez moyenne (interprétation, action) comparée à celle de Bernard Borderie (1961) ou Richard Lester (1973-74) devient hilarante et unique en son genre de part sa narration en voix off et ces dialogues désopilants.

Une amitié pour être bien trempée doit l’être dans le sang des autres.

Claude dauphin en voix off écrit par Michel Audiard

Se disant homme d’épée, mais interdisant les duels… Se disant ami des lettres, mais fondant l’Académie Française… Armand-Jean du Plessis, Cardinal de Richelieu, était un personnage plein de contradictions.

Claude dauphin en voix off écrit par Michel Audiard

De toute évidence, Madame de Sannois, comme la plupart des femmes, considérait que garder un secret consiste à ne le répéter qu’à une seule personne à la fois.

Claude dauphin en voix off écrit par Michel Audiard

Aramis : Prenez plutôt une maîtresse convenable.

d’Artagnan : Eh là ! Monsieur l’abbé… Comme nourriture spirituelle… Une maîtresse !

Aramis : N’ai-je pas dit convenable ? Rien ne vous empêche, au surplus, de la choisir spirituelle.

Jacques François, Georges Marshall , Les Trois Mousquetaires (1953), écrit par Michel Audiard
Les 3 mousquetaires (d’Artagnan et les 3 mousquetaires)

1996 – Carambolages : nostalgie sur deux “monstres” français (Serrault et Brialy)

Michel Serrault et Jean Claude Brialy monstres sacrés du cinéma français étaient d’abord d’excellents acteurs de comédie dès leurs premiers films.

Ici dans Carambolages (1963) de Marcel Bluwal on les découvre (?) ici très jeunes dans une comédie d’humour noir sur l’entreprise.

Servis par des dialogues de Michel Audiard (qui va écrire la même année les Tontons Flingueurs), avec la présence de Louis de Funes (qui un an plus tard va exploser avec “le Gendarme” “Fantomas” et “le Corniaud”), Brialy et Serrault (survolté) excellent dans plusieurs scènes de comédie.

On est ici dans la nostalgie.

La scène de l’idée où Brialy (Paul Martin) a une idée (“l’idée”) qui va être reprise par son patron (De Funes – plus râleur que jamais)  qu’il flagorne.

L’idée (Brialy De Funes)

La scène de l’arrivée de l’inspecteur Baudu  (Serrault) qui se méfie de tout dans une soirée (très select) sur l’avenue des Champs Elysées.

scène de la soirée (De Funes Brialy Serrault )

Les déductions de l’inspecteurs Beaudu Serrault (que n’aurait pas reniées l’inspecteur Clouseau) sur un meurtre qui vient d’être commis.

Scène des déductions de l’inspecteur

1996 – Les tontons flingueurs (1963) dialogues de Michel Audiard

Argot de truand inventé par Michel Audiard pour ce film culte de 1963.

Ci joint extrait des dialogues (lien wikikote)

  • Raoul Volfoni

    Dis donc, t’essaierais pas de nous faire porter le chapeau, des fois ? Faut le dire tout de suite, hein. Il faut dire : Monsieur Raoul vous avez buté Henri, vous avez buté les deux autres mecs ; vous avez peut être aussi buté le Mexicain, puis aussi l’archiduc d’Autriche!

Bernard Blier, Les Tontons flingueurs (1963), écrit par Michel Audiard

Mais il connaît pas Raoul, ce mec ! il va avoir un réveil pénible. J’ai voulu être diplomate à cause de vous tous, éviter que le sang coule. Mais maintenant c’est fini, je vais le travailler en férocité, le faire marcher à coup de lattes ! À ma pogne, je veux le voir ! Et je vous promets qu’il demandera pardon, et au garde-à-vous !

Bernard Blier, Les Tontons flingueurs (1963), écrit par Michel Audiard

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1996 – Les tontons flingueurs (1963) : 2 scènes cultes

Les tontons flingueurs (Georges Lautner 1963) qu’on ne présente plus est un film culte pour plusieurs générations de spectateurs. Aujourd’hui  vénéré par certains de la génération post 68,  il ne fait plus autant recette chez les nouveaux spectateurs.

Film référence pour ses dialogues (Michel Audiard au sommet), son ton nonchalant (parodie des films de gangsters), sa mise en scène décalée (Georges Lautner)  ses acteurs populaires d’antan (Lino Ventura, Bernard Blier, Jean Lefevre, Robert Dalban) , un noir et blanc sompteux (photographie de Maurice Felous), une musique (Michel Magne) et des bruitages “comiques et farfelus”, “les tontons” se récite comme une poésie et se déguste plusieurs fois.

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2017 – 03 : Cent mille dollars au soleil (1964)

100000 dollars au soleil est un film d’aventures qui vaut plus par les dialogues de Michel Audiard mis en œuvre une pléiade d’acteurs populaires (Ventura, Belmondo, Blier) que par un scénario assez classique (course poursuite autour d’un camion remplis de dollars). Pourtant la mise en scène intègre suspense et action mais c’est surtout les scènes comiques qui donnent de l’intérêt au film.

Dans l’extrait qui suit Belmondo a subtilisé le camion et Ventura accompagné d’un américain un peu louche part à sa poursuite. En escale chez le sourdingue Belmondo invente un bobard pour l’amener à ralentir Ventura …

extrait

 

2003 – passage en revue Audiard

Collection et patrimoine

Audiard est un dialoguiste qui a beaucoup travaillé entre 1949 à sa mort en 1985 pour plusieurs générations d’acteurs ou de réalisateurs populaires (Gabin dans les années 50, le cinéma de Georges Lautner dans les années 60, Belmondo dans les années 75, 80). Tout un pan de la France populaire a été croqué avec la même qualité par ce petit bonhomme amoureux de cyclisme et d’argot. Près de 150 films.

Selection

selection audio

Populaire

Audiard est populaire avec ce qu’il y a de péjoratif. J’ai découvert Audiard assez tard car son cinéma était un cinéma peu exigeant en terme d’histoire qui n’avait d’autres ambitions que de faire recette. Alors on pourra dire qu’Audiard ce sont des bon mots histoire de marquer le public de le divertir. C’est ça mais c’est aussi une marque d’écriture. Un dialogue d’Audiard se reconnait, percutant, drôle, rythmé et finalement peu démodé car hors norme.

Argot

Audiard n’a peut être pas inventé un argot, il dit s’inspirer du “titi” parisien de Jean Gabin, des soirées de repas arrosé avec des acteurs. Audiard n’a peut être pas tout inventé mais il a donné du rythme et de la drôlerie, pas de la poésie mais de la drôlerie.

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